La voracité, meilleure ennemie de la planète

Se laisser bercer par le flot continu de l’actualité comporte un risque majeur. Celui de perdre toute forme de recul. C’est particulièrement vrai en matière de dérèglement climatique. Les rapports alarmistes côtoient les bonnes nouvelles, les coups médiatiques effacent les expertises scientifiques. Au final, on s’y perd un peu.
Pour gagner en hauteur de vue, je ne saurais trop vous conseiller de visionner le documentaire L’Homme a mangé la Terre, réalisé par le Français Jean-Robert Viallet. Entre capitalisme et mondialisation imposés par les grandes puissances, ce décryptage passionnant de l’asservissement de la nature par l’homme permet d’y voir plus clair.
On y apprend, par exemple, qu’à trois reprises l’Humanité aurait pu s’engager sur la voie d’un monde décarboné. Saviez-vous qu’au début des années 1920, aux Etats-Unis, les tramways en circulation étaient électriques? Suite au krach boursier de 1929, le constructeur automobile General Motors rachète ces sociétés de transport en s’alliant avec la compagnie pétrolière Philips et au fabricant de pneus Firestone. Un rachat permettant de mettre un terme au développement de la mobilité électrique.
Autre raté de l’histoire, l’élan brisé des maisons solaires autosuffisantes. La technologie est mise au point en 1948 par la biophysicienne américano-hongroise Maria Telkes. C’est le lobby des grandes entreprises électriques qui tuera cette invention dans l’œuf à coup de deals avec les promoteurs.
Le dernier exemple remonte au 15 juillet 1979. Ce jour-là, Jimmy Carter déclare devant 65 millions de téléspectateurs que les Etats-Unis doivent envisager une forme de décroissance. En misant sur les énergies propres. Un vœu qui s’est révélé pieux.
Tous ces épisodes démontrent que l’humanité n’a eu de cesse de rétropédaler, cédant aux sirènes des grands groupes industriels. Saura-t-elle saisir sa dernière chance?