Le monde du foot ne tourne plus rond

SPORT • Clamer que le fric gouverne le foot, je vous l’accorde, c’est facile. Pour peu, on se croirait dans une discussion avinée d’un café du commerce. Mais peu importe. Car dans quelques semaines débute le mercato d’hiver dans la plupart des grands championnats européens. A partir du 1er janvier 2020, le 2 en Espagne et le 3 en Italie, les joueurs vont devenir des pions à déplacer d’un club à l’autre. Moyennant des sommes astronomiques et des commissions mirobolantes versées aux agents.

Durant un mois, le mercato se terminant le 31 janvier, les enchères risquent une nouvelle fois de prendre l’ascenseur. Car, pour une fois, le café du commerce a vu juste: le football a perdu la tête. Pour s’en convaincre, il suffit d’analyser les derniers chiffres publiés par l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport (CIES). Lors du dernier mercato estival, les clubs du big-5, constitué des cinq principaux championnats (Angleterre, Italie, Espagne, Allemagne et France), ont investi la somme totale de 6,6 milliards d’euros. En 2010, ce montant ne s’élevait qu’à 1,5 milliard.

Autre phénomène inquiétant, le surendettement des clubs. Lors de la dernière décennie, les équipes du big-5 présentent un déficit cumulé équivalent à 9,8 milliards de francs. Selon l’observatoire, à eux seuls, les clubs de Premier League ont un bilan négatif de 7,15 milliards. Malgré les investissements considérables effectués par le Paris St-Germain (déficit cumulé de 990 millions de francs lors de la dernière décennie), la Ligue 1 française est le seul championnat du big-5 avec un solde positif (+395 millions de francs). Et comme par hasard, les équipes présentant le meilleur bilan net, à savoir LOSC Lille, AS Monaco, FC Genoa, Olympique Lyonnais et l’Udinese Calcio, ne jouent pas les premiers rôles dans leurs championnats respectifs. Aujourd’hui pour gagner, la première qualité consiste à s’endetter.