Les fausses idées sur la réussite suisse

Les employés suisses travaillent davantage qu’ailleurs et leur productivité est plus importante. Voilà la recette du succès de l’économie helvétique. Eh bien, désolé de vous décevoir, mais c’est faux! Si l’on se penche sur l’évolution du nombre d’heures annuelles travaillées en Suisse, ce chiffre baisse depuis quinze ans. En 2003, il s’élevait à 1665 selon les dernières statistiques publiées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En 2018, il n’était que de 1459, soit environ 13% de moins.

En comparaison internationale, il se chiffre à 2148 au Mexique, à 1782 en Irlande, à 1701 en Espagne et à 1520 en France. L’Allemagne fait moins bien avec 1363 heures travaillées par année. La Suisse et notre voisin allemand seraient donc les cancres en la matière? Il convient de nuancer. Dans ces deux pays, le travail temporaire est en vogue et contribue à faire baisser les statistiques nationales. Certes, mais le classement réalisé par l’OCDE brise tout de même une première idée reçue.

La deuxième concerne la productivité des employés. Les salariés suisses seraient des modèles du genre. Là aussi, on tombe de haut. Toujours selon les chiffres de l’OCDE, le taux de croissance de la productivité helvétique entre 1995 et 2017 ne s’est élevé qu’à 1,1%. Presque tout le monde a fait mieux. La Pologne avec 3,7%, la Suède et les Etats-Unis avec 1,7%, le Royaume-Uni avec 1,3%, nous devancent. En d’autres termes, la Suisse est gentiment en train de perdre une partie de sa compétitivité. Et ce, depuis vingt ans. Ce n’est pas encore dramatique, mais il serait urgent de se reprendre. Comment? En focalisant nos efforts sur la digitalisation de l’économie. Elle seule permettra d’améliorer significativement la productivité de notre économie et de maintenir notre légendaire capacité d’innovation.