«C'est scandaleux! On enlève les panneaux castors alors que la direction générale de la mobilité ne se gêne pas pour poser une forêt de signalisations non conformes à chaque coin de rue!» Christina Meissner, députée UDC au Grand Conseil et écologiste convaincue, ne décolère pas. Depuis octobre 2012, les castors côtoient les automobilistes à proximité du passage de Verbois à leurs risques et périls. Pourquoi? Parce que la Direction générale de la mobilité (DGM) a supprimé les deux triangles rouges contenant un pictogramme qui rendaient compte de la présence du gros rongeur: «Selon l'Office fédéral des routes (OFROU), ces signalisations, installées en mai 2012, ne seraient pas conformes, soupire Christina Meissner. Belle priorité cantonale!»
Interpellation écrite
En réaction, cette amoureuse des bêtes a déposé une question écrite au Grand Conseil, le 15 février dernier: «La DGM ira-t-elle jusqu'à empêcher la mobilité des castors?», ironise-t-elle en tête de page. Et de préciser: «Un castor adulte peut peser jusqu'à 27 kilos, la signalisation a pour but de protéger tant les humains que les castors imprudents.»
Accidents de la route
Olivier Bodmer, co-fondateur du Groupe d'étude et protection du castor européen, partage cette inquiétude. Au mois de janvier déjà, il écrivait une lettre scandalisée à Michèle Künzler, conseillère d'Etat en charge du Département de l'intérieur, de la mobilité et de l'environnement (DIME): «La principale cause de mortalité chez les castors sont les accidents de la route, se désespère-t-il. Avec seulement une cinquantaine d'individus dans le canton, la population peut être décimée très vite de cette manière.»
Künzler impuissante
Forcée de répondre à la polémique grandissante, Michèle Künzler minimise le problème: «La pratique montre que la mise en place de signaux avertisseurs pour la faune n'a qu'un impact modéré sur le comportement des automobilistes», explique-t-elle. Une réalité confirmée par son collaborateur Franck Peray, porte-parole de la DGM: «Il n'existe que deux types de signaux de danger légaux concernant les animaux: le signal «passage de gibier» et le signal «animaux». Nous devons nous assurer que le droit sur la circulation routière soit respecté.» Et Christina Meissner de s'insurger: «Au lieu de perdre du temps autour de ces écriteaux, on devrait les remettre et s'occuper de questions plus importantes!»Le Grand Conseil devrait répondre officiellement à l'interpellation au mois d'avril.