Banquets: Attention aux additions gonflées

FÊTES • Pour rentrer dans leurs frais, des restaurateurs surfacturent lorsque les groupes annoncés n'annulent pas les désistements.

  • Il est important de bien vérifier sa facture lorsqu'on va au restaurant en groupe!

    Il est important de bien vérifier sa facture lorsqu'on va au restaurant en groupe!

«Une ou deux bouteilles de vin ou d'eau en plus, cela ne se voit pas sur la note en fin de repas, confesse un ancien maître d'hôtel d'un restaurant gastronomique genevois. Surtout si le groupe est nombreux». Cet aveu a de quoi choquer. Surtout qu'il n'est pas isolé. En effet, d'autres employés du secteur de la restauration admettent la pratique en catimini. «Dans la majorité des cas, il s'agit de rattraper un manque à gagner. Si un groupe a réservé pour vingt-cinq personnes, mais qu'au final ils ne sont plus que dix-huit, nous perdons de l'argent», explique un responsable de salle. «Difficile alors de facturer les menus des absents, poursuit-il. Si on le fait, le client risque de se vexer et de nous faire, par la suite, une mauvaise publicité. Faire un geste commercial en ne comptant que les couverts effectivement servis, nous rapporte bien plus en terme de bouche-à-oreille. Charger ensuite la note sans que le client ne s'en aperçoive permet de limiter les pertes sans porter préjudice à la notoriété de l'établissement».

A demi-mot

Evidemment, aucun propriétaire de restaurant n'oserait reconnaître publiquement avoir recours à de telles pratiques. Difficile donc d'en évaluer l'ampleur. Même si du côté des organisations faîtières, on minimise le problème. «Sur nos 1400 membres, la grande majorité ne pratique pas ce comportement très discutable, assure Jean-Luc Piguet, vice-président de la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève. Malheureusement, la malhonnêteté existe partout». Même volonté de rassurer les consommateurs du côté de l'Ecole Hôtelière de Genève. «De telles pratiques sont très rares», plaide son directeur Alain Brunier. Ce dernier reconnaît pourtant avoir été lui-même victime d'une surfacturation évitée de justesse en vérifiant la note. Dans ce cas, les serveurs ont d'ailleurs une réponse toute prête: «On s'excuse pour cette erreur d'inadvertance». Cela fonctionne toujours. En effet, rares sont les clients qui se plaignent (lire encadré). «Pour amadouer le client fâché, on lui offre souvent le café ou le digestif, pointe un serveur auxiliaire travaillant dans plusieurs établissements genevois. Histoire de continuer à faire croire au client qu'il est roi.»

Les clients ne se plaignent pas

MEP • «Si les clients contrôlaient davantage l'addition, on aurait peut-être plus de réclamations, admet Valérie Muster, juriste à la Fédération romande des consommateurs (FRC). Encore faudrait-il que les convives comptabilisent leurs consommations durant le repas pour se rendre compte d'une éventuelle arnaque». A la permanence de la FRC, les appels concernant des «factures gonflées» au restaurant sont peu nombreux, voire inexistants. «Il faudrait aussi prouver qu'il y a eu une faute intentionnelle de la part du restaurant», explique Jean Genolet, directeur du Service du commerce (SCOM). Par ailleurs, un tel préjudice ne serait pas du ressort de son service car la loi sur la restauration, le débit de boissons et l'hébergement (LRDBH) ne prévoit rien dans un tel cas. «Le client devrait intenter une action au pénal, explique Robert Hensler, avocat et ancien chancelier d'Etat. C'est une procédure coûteuse par rapport au tort occasionné et il serait difficile de prouver la tromperie délibérée».