Leur présence fait tache, même si elle ne pose pas de problème en termes de sécurité. Toujours est-il que les promeneurs et le voisinage semblent souvent interloqués par les campements sauvages que l’on peut parfois découvrir dans des parcs genevois, cachés derrière un buisson. Eté comme hiver. Au parc de la Perle du Lac, et ce n’est pas le seul lieu à Genève, de nombreux sans domicile fixe semblent avoir élu domicile.
«De ce que j’ai pu constater, ils sont tout à fait inoffensifs, explique une riveraine, mais c’est vrai que cela fait un peu drôle, au détour d’une promenade matinale, de tomber sur un matelas ou une tente de fortune.»
Situation légale
«Certains sans-abris peuvent en effet dormir dans les parcs, qui restent des lieux ouverts au public de jour comme de nuit, explique Cédric Waelti en charge de la communication du Département de l’environnement urbain et de la sécurité de la Ville de Genève. La police n’intervient qu’en cas de déprédations ou d’infractions.» Et d’orienter vers les services sociaux, qui ont une «meilleure vue d’ensemble de la situation».
En effet, en Ville de Genève, c’est le Service social (SOC) du Département de la cohésion sociale et de la solidarité qui suit ce dossier depuis de longues années. Car le phénomène n’est pas nouveau et se pose plus en termes de problématique sociale que sécuritaire. La situation est en effet complexe, Genève étant un centre urbain et international doté d’infrastructures ferroviaires et aériennes qui la relient au reste de l’Europe et au monde entier.
Public international
De fait, au gré de la situation internationale, entre autres facteurs, le profil et l’âge de ces SDF peut varier du tout au tout. Ainsi, l’hiver 2012-2013, dans le décours de la crise financière de 2008, a vu par exemple arriver beaucoup de personnes en provenance d’Europe du Sud, dont certaines se sont retrouvées SDF. A la Perle du Lac actuellement, la plupart des sans-abris sont d’ailleurs originaires de la rive sud du continent, mais aussi et de plus en plus, d’Afrique.
«Beaucoup de personnes viennent tenter leur chance à Genève avec des succès divers, explique Philipp Schroft, chef du SOC. Certaines ne font que passer, d’autres ancrent leur errance ici de manière plus durable. Mais en tant qu’autorité publique, nous avons une obligation morale de venir en aide à ces personnes.» Et de préciser: «La difficulté, c’est que nous avons relativement peu d’influence sur cette situation qui demande de l’engagement et de l’humilité. L’idée est d’établir des liens avec ces personnes pour comprendre leurs besoins et leur venir en aide de façon appropriée, en ouvrant les abris PC en hiver par exemple, même si on ne peut pas les obliger à y aller. Une rapide analyse de situation permet d’identifier leur statut, s’ils sont Genevois ou Confédérés, originaires de l’Union européenne ou pas, afin de mieux déterminer leurs droits, et les possibilités d’action que cela nous ouvre. »
