Courriers égarés: l’armée envoie des jeunes en prison

MILITAIRE • Convoqués aux cours de répétition, des recrues ignorent la lettre de l’armée et ne donnent plus signe de vie. Ils se retrouvent derrière les barreaux!

  • Ne pas répondre à un courrier militaire peut être passible de 18 mois de prison. ISTOCK

    Ne pas répondre à un courrier militaire peut être passible de 18 mois de prison. ISTOCK

«Les jeunes qui ignorent les courriers de l’armée risquent gros!» Charles* est bien placé pour en parler puisqu’il officie comme gardien dans un établissement pénitentiaire genevois. Il ajoute: «Un type de 23 ans a écopé de sept mois de prison ferme, car il a égaré sa convocation aux cours de répétition. La police est venue le chercher sur son lieu de travail! Il faut juste imaginer l’humiliation que cela représente! Son patron était sûr qu’il avait commis un acte bien plus grave!» D’autant que le jeune homme avait déjà effectué son école de recrues. Mais sa phobie administrative l’a conduit à ignorer cette «invitation» militaire.

Devoir obligatoire

Très concrètement, que dit la loi? Selon l’article 81, un refus de service et une désertion peuvent être punis d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 18 mois. «Nous conseillons aux jeunes d’être attentifs à nos courriers, précise Delphine Allemand, porte-parole de l’armée. L’obligation de servir est inscrite dans la Constitution et, comme son nom l’indique, ce devoir est obligatoire.»

A Genève, les statistiques démontrent que le message commence à être entendu. En 2015, 33 personnes sont passées par la case prison pour avoir refusé de servir.

Elles n’étaient plus que 18 en 2016 et 19 en 2017. Emmanuelle Lo Verso, chargée de communication au Département de la sécurité et de l’économie (DSE), précise: «Ces personnes sont placées à Champ-Dollon ou dans un autre établissement pénitentiaire genevois si elles sont éligibles à une forme alternative d’exécution.»

Ce qui n’est pas du goût de Charles: «Les prisons genevoises sont totalement saturées. Et maintenant, on nous amène des personnes qui n’ont juste pas répondu à un courrier. Ces jeunes se retrouvent totalement choqués et ils ont l’impression que leur vie est désormais brisée! Si c’est ça l’armée…»

* nom connu de la rédaction