Des étudiants privés de bourses

LÉGISLATION • Les aides sont conditionnées aux revenus des 2 parents. En cas de divorce, des jeunes devront faire valoir leurs droits... devant la justice.

  • La nouvelle loi sur les bourses d'études ne fait pas que des heureux dans les rangs des étudiants.

    La nouvelle loi sur les bourses d'études ne fait pas que des heureux dans les rangs des étudiants.

La nouvelle loi cantonale sur les bourses d'études, entrée en vigueur le 1er juin 2012, précipite des familles monoparentales, et leurs ex, dans Les difficultés. Leurs enfants, devenus majeurs et encore en formation, perdent leurs aides. C'est le cas de Juliette, étudiante en 3e année de lettres, et de sa sœur, inscrite en HES (Haute école spécialisée). Elles retiennent leurs larmes: «Nous avons reçu une lettre du Service des bourses et prêts d'études (SBPE), mais elle ne précisait pas cette subtilité. Comme les années précédentes, j'ai envoyé mon dossier. Ma sœur aussi.» Le choc est énorme quand elles accusent réception, fin février seulement, d'un niet de l'Etat. C'est le père, dont le budget est jugé «suffisant», qui devra aider davantage ses filles. Et s'il ne veut pas? Pas d'autre issue que les tribunaux. «Encore une procédure, regrette leur maman. Et cette fois lancée par mes filles contre leur père. Cela prétéritera encore plus leurs rapports.»

Parent disparu

«Les bourses ne sont pas là pour créer des problèmes mais pour résoudre des difficultés d'ordre financière. Il est clair aussi que les bourses sont toujours subsidiaires à l'aide apportée par les parents.», rectifie d'emblée Grégoire Evéquoz, directeur général de l'Office pour l'orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC). Il regrette ces situations, mais précise: «La base de ce nouveau système repose sur le budget des deux parents. Même séparés, ils doivent subvenir aux besoins de leurs enfants. Et qui plus est lorsque le père a des revenus suffisants.» Il ajoute que toutes les situations sont analysées individuellement. Et que des exceptions existent. «La loi nous permet de prendre en compte des cas particuliers, comme les situations où un des parents a disparu, ou bien lorsque les liens sont tellement dégradés qu'il n'y a aucune possibilité d'envisager d'autres solutions.»

Retards de traitement

Quant aux réponses reçues tardivement, Grégoire Evéquoz explique «que cette nouvelle législation a impliqué à la fois une nouvelle formation des collaborateurs et l'installation d'un nouveau système informatique. Ce qui a provoqué des délais supplémentaires. Nos onze collaborateurs, également affiliés à d'autres tâches que celles-ci, font actuellement des heures supplémentaires, le soir et le samedi.» Pas suffisant, malheureusement. Le SBPE a traité, pour l'année scolaire 2012-2011, 6279 demandes, dont 872 pour d'autres prestations.Le directeur de l'OFPC rassure: «C'est heureusement assez rarissime que des étudiants décident de prendre un avocat pour obtenir une aide de leur père, ce que nous n'encourageons en aucun cas. De notre côté, nous restons à leur disposition pour envisager d'autres solutions.» Juliette, sa sœur et d'autres camarades, dans la même situation, ont peur de devoir franchir ce pas. «Une catastrophe pour des pères qui peinent déjà, avec un salaire normal, à payer des pensions alimentaires», conclut un papa souhaitant rester anonyme. Un choix douloureux. Pour tous.Infos: www.geneve.ch/bourses/welcome.asp