Deux employés suspendus à Genève Aéroport

JUSTICE • L’une des deux personnes en congé forcé a été entendue par la justice. L’enquête autour de cette affaire de corruption se poursuit. Explications.

  • Genève Aéroport précise que «les activités opérationnelles se déroulent dans des conditions normales». 123RF/TEA

    Genève Aéroport précise que «les activités opérationnelles se déroulent dans des conditions normales». 123RF/TEA

La saga continue à Genève Aéroport. Après l’arrestation, à la mi-mai, de J., chef de la division sûreté et celle de l’un de ses proches, travaillant dans une société spécialisée externe ayant obtenu plusieurs mandats de Cointrin, après le rapport sévère de la Cour des comptes soulignant les dysfonctionnements de Genève Aéroport, on apprend que deux personnes ont été suspendues par le conseil de direction. Le premier travaille à la division sûreté. Il a bossé auprès du directeur de cette division, ce dernier étant prévenu de corruption active et passive et de gestion déloyale des intérêts publics.

Processus d’appels d’offres

L’employé de Genève Aéroport en question a été suspendu avec effet immédiat le 17 mai, au lendemain du rapport transmis par la Cour des comptes, et ce jusqu’à «nouvel avis». Une décision prise «dans un souci de préservation des intérêts de l’aéroport et dans le but de permettre la conduite de l’enquête qui sera diligentée», a appris le GHI. L’enquête diligentée? Celle qui fait suite au rapport de la Cour des comptes et qui a été confiée à une société privée indépendante pour investiguer sur les processus d’appels d’offres et leur application. Le rapport sera rendu dans le courant de l’été.

Une deuxième personne employée de l’Aéroport a été «libérée de façon temporaire de son obligation de travailler». Sa suspension a été ordonnée «dans un contexte complexe» et ce «afin de la protéger.»

Des questions de sécurité

Suite à l’arrestation de J. et à la suspension du cadre, un collaborateur de l’aéroport s’interroge sur la mise en application d’un protocole appelé NASP (Programme national de sûreté de l’aviation, en français) depuis que le directeur de la sûreté est en prison. «Très peu de gens sont au courant de ce qu’il contient, même pas le directeur de l’aéroport», assure notre source. Normal en effet qu’un tel document reste secret… Mais dès lors que J., qui connaît le NASP, est en prison, on peut légitimement s’interroger sur son actuelle mise en application. «Le NASP étant un document confidentiel, aucun élément en lien avec celui-ci n’est communiqué, répond Madeleine von Holzen, cheffe du service de communication de Genève Aéroport. Nous avons entrepris toutes les mesures nécessaires pour que la sûreté aérienne et la sécurité des opérations soient pleinement assurées, en accord avec les autorités compétentes de la Confédération.» Et Madeleine von Holzen de rappeler: «Les activités opérationnelles de l’aéroport se déroulent dans des conditions normales, les passagers voyagent en toute sécurité.»

Au niveau de la justice, l’enquête diligentée par le premier procureur Yves Bertossa suit son cours. Les deux personnes arrêtées sont toujours en détention. Le collaborateur suspendu qui travaillait dans le service du directeur de la sûreté devait être entendu, mardi 18 juin, par Yves Bertossa en tant que prévenu. Prévenu de quoi? «Je n’ai pas de commentaire à faire en l’état, n’ayant pas eu accès au dossier», indique son avocat, Me Dimitri Tzortzis, à l’heure où ses lignes sont écrites. La saga continue.