Escroquerie à la crèche: plaintes

MONTBRILLANT • Un entrepreneur a ouvert une crèche à l'insu des autorités. Il fait face à deux plaintes. L'affaire est dans les mains du Ministère public.

  • Un petit mot du Canton informant le public de la fermeture de l'établissement orne les portes fermées de la crèche depuis plusieurs semaines.

«Nous avons déposé plainte contre le responsable du Royaume d'enfance!» Cette mère de famille, qui préfère rester anonyme est verte de rage. Comme une dizaine d'autres parents, elle n'a pas été remboursée pour l'acompte qu'elle a versé au directeur de cette nouvelle crèche de la rue de Montbrillant. «Tout était si beau, si neuf, continue-t-elle. Mais il y a environ deux mois, le responsable nous a informés qu'il n'avait pas l'autorisation de l'Etat pour faire tourner son affaire. Il nous a ensuite promis le retour de notre caution de 700 francs avant le 31 mai. Nous attendons toujours.» Dépossédée de son argent et de sa place en crèche, cette famille se voit désormais contrainte de garder son bébé à la maison.

Ouverture illégale

Pourtant, l'affaire ne date pas d'hier. Tout commence en juillet 2010 lorsque le responsable, d'origine étrangère, dépose une demande d'exploitation pour le Royaume d'enfance. Après avoir modifié son projet initial dans un immeuble du Grand-Saconnex (voir Tribune de Genève du 03.11.11), il souhaite transformer en crèche des locaux sis à côté d'une station d'essence en crèche. L'autorisation cantonale n'a jamais été délivrée: «Il devait nous fournir divers documents attestant de la conformité du lieu à la petite enfance, notamment en matière de sécurité, explique Stéphane Montfort, directeur adjoint à l'Office de la jeunesse. Mais il ne l'a pas fait. Sa demande a donc été refusée.»Malgré ce refus de l'Etat, l'entrepreneur décide tout de même d'ouvrir son établissement moins d'un an après: «Au mois de mars 2012, nous avons été très surpris d'apprendre que plusieurs enfants occupaient les locaux, détaille Stéphane Montfort. Nous avons immédiatement ordonné la fermeture de la crèche et signalé l'affaire à la justice.» Contacté par GHI, le directeur a, quant à lui, préféré se taire. Selon les familles qui le traquent régulièrement à son domicile, il aurait pris la poudre d'escampette.

Employée sans paye

Les familles et l'Office de la jeunesse ne sont pas les seules victimes de ce patron de crèche auto-proclamé. Une ancienne employée de l'établissement aurait également été grugé: «Je n'ai jamais été payée pour mes deux mois en tant qu'éducatrice, déplore-t-elle. J'ai appris que la crèche n'était pas en règle en même temps que les parents.» Comme la mère de famille, elle a décidé de porter plainte contre l'entrepreneur. Le Ministère public qui a, pour sa part, confirmé l'existence de la plainte de l'employée, se refuse à tout commentaire: «L'instruction est en cours», se borne à confirmer Sophie Bernard, porte-parole du Ministère public.