Fisc: explosion des dénonciations spontanées

  • Depuis le 1er janvier, 4671 personnes ont régularisé leur situation auprès du fisc genevois.
  • Les avoirs non-déclarés concernent principalement des biens immobiliers à l’étranger et des comptes bancaires.
  • Les membres de communautés étrangères aux revenus modestes dénoncent une forme d’injustice.

  • La communauté étrangère est la première concernée par l’échange automatique d’informations. PIXABAY

    La communauté étrangère est la première concernée par l’échange automatique d’informations. PIXABAY

«Avec l’échange automatique d’informations, le petit épargnant est le plus vulnérable»

Mariano Franzin, président d’Italuil en Suisse

Depuis son entrée en vigueur le 1er janvier 2017, l’échange automatique d’informations a provoqué une explosion des dénonciations spontanées au fisc genevois. Cela concerne des comptes bancaires et des biens immobiliers situés hors du pays. Ce qui fait bondir Mariano Franzin, président d’Italuil en Suisse, une assistance juridique gratuite offerte aux travailleurs italiens: «Au début, c’était la grande pagaille. Nous avons connaissance de personnes qui ont versé jusqu’à 50’000 francs pour des arriérés de dix ans. Il y a aussi des cas plus graves, cela concerne ceux qui bénéficiaient de prestations complémentaires et qui ont dû en rembourser tout ou partie.»

Chiffres vertigineux

La conseillère d’Etat Nathalie Fontanet, en charge du Département des finances et des ressources humaines, annonce des chiffres qui donnent le vertige: «Depuis le début de cette année, les dénonciations spontanées ont permis de réintégrer un impôt total de 117,6 millions de francs. Ce montant résulte du traitement de 4671 dossiers.»

«Travailleurs émigrés de bonne foi»

Sans remettre en question ces régularisations massives, Mariano Franzin dénonce une forme d’injustice: «Avec l’échange automatique d’informations, le petit épargnant est le plus vulnérable. Ses économies proviennent souvent de gros sacrifices et de privations durant des années. De plus, ces travailleurs émigrés sont de bonne foi, ils étaient convaincus que leurs biens étant déclarés et taxés dans leur pays d’origine, ils ne devaient plus l’être aussi en Suisse.»

Dans ce contexte tendu pour les fraudeurs, certains travailleurs continuent de jouer avec le feu comme le confirme Bruno*, un sexagénaire habitant Vernier: «J’ai une maison en Algarve qui n’est pas déclarée et elle le restera! Je ne vais tout de même pas me faire taxer rétroactivement. Je n’ai de toute façon pas les moyens de payer le moindre centime. Dans quelques années, j’irai passer ma retraite au Portugal, je serai tranquille à ce moment-là.»

Appel à régulariser

Au vu du nombre massif de dénonciations spontanées, ce réflexe reste cependant minoritaire. Et Nathalie Fontanet de rappeler: «Compte tenu du nouvel environnement international en matière de transparence fiscale, je ne peux que vivement encourager tout contribuable ayant omis de déclarer des valeurs patrimoniales à entreprendre les démarches nécessaires en vue d’une régularisation.»

* nom connu de la rédaction

Les fraudeurs risquent l'expulsion

Depuis le 30 septembre dernier, le fisc considère que les dénonciations ne sont plus spontanées. Quelles sont les conséquences? Les fraudeurs s’exposent à une procédure pénale et risquent entre 1 et 5 ans de prison, ainsi qu’une lourde amende. Cette dernière peut représenter d’un tiers jusqu’à trois fois le montant des impôts soustraits selon la gravité des faits. En ce qui concerne les contribuables qui n’auraient pas déclaré des biens tout en percevant de l’argent des assurances sociales, les répercussions peuvent être catastrophiques puisque la fraude aux assurances sociales constitue un des motifs d’expulsion du pays.