«J’ai beaucoup de peine à quitter ma fonction de député. J’ai mis un grand moment pour écrire ma lettre de démission», avoue, la voix chargée d’émotion, Frédéric Hohl. Après 11 ans de députation, l’élu PLR tire sa révérence «pour raisons professionnelles», précise-t-il. Date de départ: le jeudi 26 janvier 2017. «J’aurais pu rester jusqu’à la fin de la législature. Mais je ne voulais pas devenir un député alibi». Il faut dire que son nouveau poste de directeur exécutif de la Fête des Vignerons 2019 squatte son agenda. «Je suis tous les jours à Vevey pour préparer l’événement. C’est un énorme travail. Entre participants, bénévoles et figurants, je vais gérer près de 10’000 personnes. Colossal.»
Bon casting
A l’heure du bilan politique, Frédéric Hohl se dit fier de la longue décennie passée à servir les intérêts des habitants du canton. Sans pour autant éluder les déceptions liées aux réalités de la charge. «Les blocages minent le bon fonctionnement du parlement. On passe la plupart de son temps à neutraliser les adversaires. Du coup, le bilan est souvent décevant et frustrant», plaide celui qui a adoré «mouiller sa chemise» comme président de la commission des finances ou chef de groupe radical. «Si la fusion radicaux et libéraux s’est bien passée au Grand Conseil, c’est que le casting était bon», avance ce radical pragmatique.
Indépendants exclus
Reste qu’avant de tourner la page, Frédéric Hohl pointe un autre problème sensible: «Les commissions ont tendance à se professionnaliser, elles siègent de plus en plus longtemps. A terme, cela va exclure les indépendants, petits patrons et collaborateurs du secteur privé qui ne pourront pas dégager ces interminables heures de présence», redoute l’entrepreneur qui a commencé sa carrière professionnelle dans l’hôtellerie et la restauration, avant d’organiser, pour l’Etat de Genève, la Fan Zone de l’Euro 2008 et la FootArena 2016. Côté organisation de grandes manifestations, notons encore au palmarès de ce bûcheur infatigable celles des Fêtes de Genève de 1997 à 2000 et d’Expo.02. De quoi durablement occuper le devant de la scène médiatique.
Servir et partir
«Pour ce qui est de la scène politique, je me suis surtout fait connaître grâce au P’tit Music’Hohl et sa revue», se souvient Frédéric Hohl. «Lorsque j’ai prêté serment, le 3 novembre 2005, je connaissais déjà tout le monde au parlement. Au fond, je faisais de la politique sans le savoir.» La preuve qu’on peut être efficace sans être ennuyeux ou sans se prendre au sérieux. Même en politique. Reste à préciser si ce bûcheur populaire compte faire son grand retour, dès 2020? «Il ne faut jamais dire jamais. Dans tous les cas, je reste au PLR. Mais pour 2020, j’ai surtout programmé un tour du monde en bateau. J’adore voyager. Et avoir le sens de l’Etat, c’est savoir servir et partir.»