Interpellation contre les oriflammes «Döner kebab»

POLÉMIQUE • Les 24 drapeaux artistiques à l'effigie des Döner kebab qui ornent le pont du Mont-Blanc choquent le MCG. Il le fait savoir au Grand Conseil.

  • Les œuvres de l'artiste britannique Monk, irritent.

Les vingt-quatre oriflammes artistiques qui ornent le pont du Mont-Blanc à l'emblème des Döner kebab durant juillet et août ne sont pas du goût du MCG (GHI 19.07.12). Le parti populiste a déposé le 23 juillet une interpellation urgente écrite devant le Grand Conseil. Il estime anormal que la Ville tolère l'exposition sur un lieu si important – en quelque sorte les Champs-Elysées des Genevois – d'une œuvre d'art contemporaine mimant les visuels du fast-food turc alors que la publicité sur le pont du Mont-Blanc est interdite. Il est vrai que depuis le 16 juillet, les Genevois, mais aussi les touristes, restent interloqués tant la méprise est choquante.

Stauffer interdit

«Lorsqu'Eric Stauffer s'est présenté à l'élection pour la succession de Mark Muller le 17 juin, nous souhaitions installer nos affiches électorales sur le pont du Mont-Blanc, relate François Baertschi, secrétaire générale du MCG. La Ville nous a fait savoir que c'était impossible car la publicité est interdite autour du pont de Mont-Blanc. Et aujourd'hui, en pleine période touristique, nous découvrons que l'art se déguise en pub et de surcroît pour vanter un produit turc!» Et Sandro Pistis, le député MCG, auteur de l'interpellation urgente, de souligner: «Il s'agit d'une provocation inutile. Va-t-on ouvrir le pont du Mont-Blanc aux pizzerias, hamburgers et autres restaurants asiatiques ? A quand une pub pour une marque de lessive ou de dentifrice à cet emplacement, qui est un peu la carte de visite de Genève?» Le MCG demande ainsi au Conseil d'Etat «s'il accepte une dégradation de l'image de Genève et s'il prévoit de protester auprès des organisateurs d'un concours prétendument artistique?»Du côté des cafetiers, cette publicité déguisée leur reste aussi en travers de la gorge: «Nous n'avons jamais eu le droit d'avoir cet espace pour promouvoir le terroir genevois!» s'insurge Jean-Yves Glauser, le père Glôzu de la brasserie de l'Hôtel-de-Ville.

L'artiste s'approprie des lieux publics

Pour sa part, Philippe Davet, patron de l'espace d'exposition de BFAS Blondeau, rappelle le principe artistique du Britannique Monk: «Cela fait 20 ans qu'il réinterprète ses œuvres dans une démarche d'appropriation des lieux publics. Il ne s'agit pas de publicité, mais bien de se réapproprier un logo existant liée à une société. Döner kebab n'est pas une marque. L'artiste aurait aussi bien pu promouvoir les boulangeries.»En septembre, Monk fera flotter dans le quartier des Bains 24 nouvelles oriflammes. Cette fois, elles représenteront un pizzaïolo faisant tourner sa pâte à pizza au-dessus de sa tête. Molino le remerciera… Pas sûr qu'elles soient davantage du goût du MCG.