«J’ai reçu plus de 1000 propositions»

FONCTION PUBLIQUE • Les collaborateurs du magistrat Mauro Poggia ont fourmillé d’idées pour trouver des pistes d’économies et de recettes. Pour eux, l’Etat doit devenir aussi efficace que le secteur privé.

  • Mauro Poggia est satisfait de la consultation menée au sein du DEAS. DAVID ROSEMBAUM KATZMAN

    Mauro Poggia est satisfait de la consultation menée au sein du DEAS. DAVID ROSEMBAUM KATZMAN

Plus de 1000 suggestions. C’est le nombre de propositions reçues par le Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS) pour améliorer l’efficience et rechercher de nouvelles pistes d’économies et de recettes. Pour mémoire, Mauro Poggia, le magistrat en charge du DEAS, avait été le premier en 2015 à lancer cette vaste consultation. Il nous en livre les premiers résultats.

– GHI: Parmi le millier de réponses, quelles sont les principales suggestions que vous retenez?

– Mauro Poggia: Avant toute chose, j’ai découvert une énorme envie d’efficacité. Pour les sondés, unanimement, l’Etat doit être aussi performant que le secteur privé. Cela étant, il y a une demande récurrente de simplifier les processus administratifs, de récompenser davantage la performance et de favoriser le travail à temps partiel.

– Des exemples concrets?

– Oui. Pour l’Emploi, les principales pistes sont une incitation fiscale pour les entreprises qui annoncent les postes ouverts à l’Office cantonal de l’emploi ou le développement des instruments informatiques mis à disposition des demandeurs d’emploi.

– Qu’en est-il côté Action sociale?

– Là, les suggestions penchent plutôt pour la création d’un service d’enquêtes doté de pouvoirs accrus ou la création d’un guichet social unique pour assurer la cohérence du système et éviter, par exemple, le versement de prestations lorsque le bénéficiaire a déjà des dettes envers un autre service de l’Etat.

– Et la Santé?

– On me propose notamment d’augmenter le montant insuffisamment dissuasif des amendes du Service de la consommation et des affaires vétérinaires. Dans chaque service, il y a beaucoup d’autres suggestions intéressantes mais j’en réserve la primeur à mes collaborateurs.

– En règle générale, le résultat est-il à la hauteur de vos attentes?

– Oui. Je suis positivement impressionné par l’ampleur de l’engagement des collaborateurs. Le DEAS compte 756 collaborateurs directement rattachés au Département, et mon chef de cabinet, désigné pour garantir l’anonymat des propositions, a reçu 261 formulaires, remplis à titre individuel ou collectif, avec 1041 suggestions.

– Offrir la possibilité de l’anonymat n’est-ce pas encourager la délation? Ou pire, une défiance à l’égard des hiérarchies en place?

– Certainement pas. D’ailleurs il était clair que toute attaque personnelle serait écartée, de même que toute critique devait être assortie d’une proposition constructive. Il fallait cependant que chacun se sente libre de s’exprimer sans arrière-pensée. Quant aux cadres, ils ont compris le sens de la démarche et y ont adhéré.

– Consulter les collaborateurs pour rechercher des pistes d’économies ou de nouvelles recettes, n’est-ce pas aussi une manière de se déresponsabiliser?

– Non. Donner la parole à celles et ceux grâce auxquels les politiques que l’on porte prennent vie est avant tout une marque de respect et de reconnaissance. Il est important, lorsqu’on exige des efforts de la fonction publique, de lui demander de porter un regard critique sur son fonctionnement ou sur les prestations qu’elle sert à la population. Surtout après les grèves qui ont suivi l’annonce de pistes d’économies par le Conseil d’Etat.