«L’avenir s’annonce compliqué pour Palexpo»

Le centre d’exposition et de congrès accumule, depuis mars, les annulations d’événements à cause de la crise sanitaire. La perte financière devrait se chiffrer en dizaines de millions de francs en 2020. Sa survie est-elle menacée? Pas encore selon son directeur général Claude Membrez. Interview.

  • pour Palexpo, mais il reste tout de même optimiste. STéPHANE CHOLLET(/DR

    Claude Membrez reconnaît que les prochains mois seront difficiles pour Palexpo, mais il reste tout de même optimiste. STÉPHANE CHOLLET

  • Claude Membrez (en médaillon) reconnaît que les prochains mois seront difficiles

    Claude Membrez, directeur général de Palexpo. DR

Directeur général de Palexpo, Claude Membrez mise sur les Automnales et le Concours hippique international de Genève pour sauver la fin de cette noire année 2020. Reste que l’incertitude est encore de mise pour ces événements et ceux prévus en 2021. Interview.

GHI: Le chiffre d’affaires de Palexpo (qui s’est élevé à 94 millions de francs en 2019) devrait baisser de 80% cette année, soit la même proportion que le nombre de manifestations annulées. Combien de personnes seront licenciées?
Claude Membrez:
Il m’est encore impossible de le dire à l’heure actuelle. Le Conseil fédéral a prolongé les RHT (réduction de l’horaire de travail) jusqu’au mois de septembre de l’année prochaine. Les salaires seront donc payés et cela nous permet de tenir sans licenciement. Mais dans quelles conditions? En effet, nous ne voyons toujours pas le bout du tunnel et cela n’est pas très gratifiant au quotidien. Même si les mesures sanitaires se sont légèrement détendues, il existe toujours une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.

– Vous faites partie de ceux qui estiment que l’on en fait trop d’un point de vue sanitaire?
– Je suis fatigué par tout cela car nos activités sont clairement handicapées. Et je me demande quelle est la différence entre des gens qui se baladent dans un centre commercial et ceux qui le font dans un centre d’exposition. Après, les autorités font ce qu’il y a à faire et notre mission consiste à accueillir nos visiteurs en parfaite sécurité. Le problème majeur, c’est que d’une minute à l’autre, si la situation empire, ces mêmes autorités peuvent annuler un événement. Cette incertitude est difficile à supporter.

– Ceux qui prédisent la mort de Palexpo se trompent?
– Je ne pense pas que Palexpo va disparaître, mais son avenir s’annonce compliqué. Ce qui me rassure, c’est que l’être humain est un animal social, il a besoin de rencontrer du monde, de découvrir de nouvelles choses. La mission d’un centre d’exposition et de congrès reste en ce sens fondamentale.

– Donc les Automnales auront lieu en novembre et le Concours hippique international de Genève en décembre? 
– Nous allons tout faire pour que ces événements se déroulent de la meilleure des manières. Nous avons imaginé de nouveaux concepts adaptés à la situation actuelle avec des allées plus larges pour les visiteurs, du gel hydroalcoolique à disposition, des masques et un traçage des contacts. J’espère sincèrement que nous pourrons ouvrir et que le public répondra présent.

– Vous avez renoncé à racheter le Salon international de l’automobile de Genève. Vous attendez qu’il fasse faillite pour l’acquérir à un franc symbolique?
– Nous sommes dans une situation compliquée avec la Fondation du Salon international de l’automobile et je ne souhaite pas faire de commentaires.

– Quelles sont vos prévisions pour l’an prochain? Vous tablez sur une reprise des activités?
– Il est indispensable que la situation de Palexpo se stabilise, on ne peut pas continuer ainsi. On peut espérer l’arrivée d’un vaccin ou l’adoption plus massive des gestes barrière par la population. Si tel est le cas, l’économie de l’événementiel devrait repartir petit à petit, mais ma seule certitude est que les événements vont devoir évoluer. Ils seront certainement plus durables. Donc plus petits et plus locaux. Les foires pourraient aussi être plus longues et miser sur le digital pour capter un plus large public. Je reste tout de même optimiste car en Chine les salons redémarrent et attirent à nouveau du monde.

Une cascade d’annulations

Tout le monde a en tête l’annulation du Salon de l’auto (Geneva International Motor Show) initialement prévu du 5 au 15 mars. Mais d’autres événements sont passés à la trappe en raison de la pandémie. Citons notamment le Salon international des inventions, Watches and Wonders, le Salon international de la haute précision (EPHJ) ou encore le Salon du climat. Sans compter tous les concerts et autres spectacles qui devaient se tenir à Palexpo. Pour rappel, le chiffre d’affaires en 2019 du centre d’exposition et de congrès s’était élevé à 94 millions de francs. Cette année, il devrait fondre d’au moins 80%.