Le magazine de la Ville ignore la préférence cantonale

PRESSE • Le trimestriel d’information «Vivre à Genève» est mis en page à Lausanne et imprimé à Fribourg. Une situation qui agace certains citoyens. La Ville se défend de toute maladresse. Explications.

  • Le trimestriel de la Ville de Genève est édité à 110'000 exemplaires. DR

    Le trimestriel de la Ville de Genève est édité à 110'000 exemplaires. DR

Vivre à Genève, mais préférer les autres cantons quand il s’agit d’imprimer et de mettre en page le magazine destiné à tous les Genevois. Une situation qui irrite au plus haut point de nombreux citoyens alors que le secteur des imprimeries locales traverse une grosse crise. «C’est totalement hallucinant, on nage en plein délire, tonne Daniel, un lecteur attentif. En lisant l’impressum du journal, j’ai failli tomber de ma chaise. J’ai constaté que c’était l’imprimerie fribourgeoise Saint-Paul qui avait le mandat. Comment la Ville de Genève peut-elle faire preuve de tant de maladresse?»

Pas écolo

Philippe D’Espine, chargé de l’information du Conseil administratif et responsable du magazine, n’y voit rien à redire: «Pour ce qui est de l’impression des 110’000 exemplaires de Vivre à Genève, il y a eu un appel d’offres tout à fait réglementaire. Je peux comprendre que cela suscite certaines réactions, mais la procédure a été totalement respectée.»

Une procédure respectée, mais côté symbole et solidarité, la Ville peut mieux faire. Comme le confirme un imprimeur genevois qui a souhaité conserver l’anonymat: «C’est tout bonnement scandaleux, mais cela ne m’étonne même plus. Genève va donner des mandats à tous les autres cantons, alors que nous, imprimeurs, sommes confrontés à des refus systématiques quand nous dépassons les frontières cantonales.»

Claude Reymond, membre du Syndicat des médias et de la communication (Syndicom) et spécialiste du secteur des arts graphiques à Genève, précise: «Il doit bien y avoir huit à douze imprimeries capables d’imprimer ce magazine à Genève. Si l’adjudicateur ne les a pas prises en considération c’est peut-être parce que les imprimeurs genevois devraient mieux réseauter pour obtenir ce type de mandat. Le fait que cela soit imprimé à Fribourg ne me choque pas forcément, même si cela n’est pas terrible d’un point de vue écologique. Cela aurait été pire si le magazine avait été imprimé en Suisse allemande.»

Etonnement

Mais quand on informe le syndicaliste que le magazine est mis en page à Lausanne par les Ateliers du Nord, le ton change: «Je suis très étonné que cela se fasse dans la capitale vaudoise alors qu’il y a pléthore de graphistes compétents à Genève.» Et cette fois-ci, il n’y a pas d’appel d’offres. C’est donc un choix de la Ville de confier la mise en page à une agence lausannoise. Ce qui met mal à l’aise Philippe D’Espine: «En fait, les Ateliers du Nord ont remporté un concours sur la refonte du magazine.» Un peu maigre comme explication. Nous avons donc contacté le maire de la Ville, Sami Kanaan. Ce dernier n’a cependant pas souhaité apporter d’autres précisions. Preuve que dans le délicat dossier de la préférence indigène, la Ville continue à traîner des pieds…