Léman Express: jeune, jolie et mécano

PORTRAIT • A 30 ans, Magali Violet est l’un des conducteurs CFF habilités à être aux commandes du RER transfrontalier, mis en service le 15 décembre.

  • Magali Violet était la troisième femme mécano à Genève. Elle est  aux manettes des trains

    Magali Violet était la troisième femme mécano à Genève. Elle est aux manettes des trains. STÉPHANE CHOLLET

  • STÉPHANE CHOLLET

C’est une belle blonde pétillante qui débarque pile à l’heure au rendez-vous. On lui fait la remarque. «CFF oblige!» lâche Magali Violet tout sourire. Cette femme âgée de 30 ans est mécano. Et c’est l’une des conductrices du Léman Express (le réseau transfrontalier mis en service dimanche 15 décembre). De quoi susciter chez elle un mélange de fierté et de trac.

Une formation à fond de train

Une mince frontière sépare les deux pays, mais «de l’autre côté, tout est différent: ce ne sont pas les mêmes trains, pas les mêmes appareils de sécurité, pas les mêmes règlements. La tension, elle aussi, change (15’000 volts en France et 25’000 volts en Suisse)». Il a donc fallu tout apprendre. Une formation complémentaire de quatre jours sur le véhicule français et quatre allers-retours pour connaître la ligne. «On est en sous-effectif. On travaille beaucoup ces temps. Mais il est vrai qu’on se sent très soutenu par la hiérarchie.» Elle, qui a habité à Gaillard avant de s’installer à Genève, estime que «la région a bien besoin de ce coup de boost. Si les usagers jouent le jeu, ça va débloquer la circulation et ce sera un vrai plus. D’après ce qu’on entendait en gare, les gens attendaient le Léman Express avec impatience.»

Concrètement, seuls les conducteurs suisses franchissent la frontière jusqu’à Annemasse. C’est là que l’échange de mécanos s’effectue. «Ma première fois seule aux commandes sur territoire français, ça va me stresser un peu. Mais, c’est un joli défi», se réjouit Magali Violet.

«Il est où le monsieur?»

Ce n’est pas le premier défi qu’elle relève. Quand elle décide de lâcher les mathématiques pour devenir mécano, en 2013, les femmes se comptent sur les doigts de la main. «J’étais la troisième conductrice sur 120 mécanos à Genève. Aujourd’hui, on est une dizaine sur 200. C’est particulier, mais on se fait sa place.» Il n’est pas rare que les voyageurs la regardent avec étonnement. «Quand je sors de la cabine, certains attendent le «vrai» conducteur. Ils se demandent où est le monsieur», raconte-t-elle en riant.

Pas de quoi la déboussoler ou lui faire regretter son choix. «J’adore ce métier. Je suis assez solitaire de base. Et puis, il n’y a jamais de routine.» La flexibilité des horaires lui permet aussi de concilier travail et vie de famille. Et donc de s’occuper de son fils de 17 mois. Cette fille de cheminot le clame haut et fort: «Jamais je n’échangerais mon job contre un travail de bureau !»