Les étudiants, futurs acteurs de l’ancienne Comédie

Soutenus par l’Unige et la HES-SO Genève, les jeunes souhaitent reprendre le bâtiment historique, au boulevard des Philosophes pour en faire une future Maison des étudiants. L’idée séduit le magistrat de la Ville de Genève, Sami Kanaan.

  • «L’idée, c’est d’investir de manière inventive le bâtiment. Les escaliers pour faire des cours de yoga pourquoi pas!» propose Sylvain Leutwyler, co-président de la Tragédie. STEPHANE CHOLLET

    «L’idée, c’est d’investir de manière inventive le bâtiment. Les escaliers pour faire des cours de yoga pourquoi pas!» propose Sylvain Leutwyler, co-président de la Tragédie.

  • L’actuelle buvette transformée en bar sera gérée par des étudiants.

    L’actuelle buvette transformée en bar sera gérée par des étudiants. STÉPHANE CHOLLET

Des cours de yoga dans les escaliers, une cafétéria pour compléter l’actuelle buvette, des mini-bibliothèques dans les anciennes loges ou encore une épicerie solidaire au sous-sol. Des idées comme celles-là, les étudiants n’en manquent pas. Il faut dire que cela fait plus de deux ans qu’ils planchent sur ce projet. Leur but: reprendre le bâtiment de la Comédie situé au boulevard des Philosophes pour en faire une Maison des étudiants. Le déménagement du théâtre à la Nouvelle Comédie aux Eaux-Vives étant prévue au printemps pour une ouverture de saison en septembre.

«Ouverture sur la cité»

Le projet de reprise de l’édifice historique met en scène les étudiants eux-mêmes. Ils sont sept de l’Université de Genève (Unige) et sept de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) Genève à avoir monté le dossier durant l’automne, en partenariat avec les deux institutions. Et il vient de franchir une étape décisive. Le 3 décembre, il a été présenté au magistrat chargé de la Culture en Ville de Genève, Sami Kanaan. «A ce stade, sur l’intention, c’est un très beau projet, qui associe les hautes écoles et un collectif d’étudiants, et veut faire vivre ce bâtiment tout en lui conservant son ouverture sur la cité», commente le conseiller administratif.

Rien n’est encore bouclé puisque cette proposition doit être validée par le Conseil administratif et passer la rampe du Conseil municipal. Si le délibératif donne son accord, le bâtiment sera mis gratuitement à disposition. A charge pour l’Unige et la HES-SO Genève de financer l’entretien et le fonctionnement.

Si la clé de répartition financière ainsi que la gouvernance restent à définir, les deux institutions et les étudiants partagent une vision. «On a toujours été intéressé par ce projet, commente François Abbé-Décarroux, directeur de la HES-SO Genève. Le lieu serait géré par les étudiants et leur permettrait de développer des projets artistiques, scientifiques ou autres. Ce pourrait être aussi un lieu d’échanges, de débats par exemple sur les transitions sociétales: écologique, sociale, numérique, etc.»

Une philosophie que partage la vice-rectrice de l’Unige, Micheline Louis-Courvoisier. «Nos facultés sont disséminées dans la ville, et ce n’est pas toujours simple de permettre à leurs étudiants de communiquer, d’échanger. Ce lieu pourrait être celui d’un dialogue interdisciplinaire très enrichissant.»

Ce besoin, les étudiants le ressentent eux aussi. Au point que l’association la Tragédie, créée pour porter le projet initial, réunit déjà 200 membres, étudiants toutes les toutes disciplines. «Il y a un véritable engouement», se réjouit l’un des co-présidents, Sylvain Leutwyler. «Il faut dire qu’il existe très peu d’espace dédié à autre chose qu’à l’enseignement», analyse-t-il. D’où l’opportunité que représente la Comédie. Dès juin 2017, la conseillère municipale PS Albane Schlechten avait déposé une motion proposant de confier le bâtiment aux étudiants, à l’image de la salle du Terreau.

Du concret dans l’académie

Ces expériences de terrain sont un vrai plus estime Micheline Louis-Courvoisier. «Le contenu académique, les hautes écoles l’assurent mais on peut aller plus loin. Et la création de projets est un moyen merveilleux pour y parvenir.» Et les jeunes ne demandent pas mieux. C’est pourquoi ils ont répondu à l’appel d’offres pour reprendre la buvette située dans le hall de la Comédie. «On touche à l’aspect pratique des choses, détaille le second co-président de la Tragédie, Noé Rouget. On a souvent l’image de l’étudiant académique, le nez dans ses bouquins. Maintenant, nous, on sait gérer un bar!»

Et Sylvain Leutwyler d’ajouter: «De plus, cela nous permet d’avoir déjà un pied dans le bâtiment.» En attendant la suite. Car les étudiants ont hâte. «Même si au départ on ne nous confie qu’un espace transitoire, l’important c’est de garder cette flamme et de prolonger l’histoire de cet édifice», conclut Sylvain Leutwyler, dans un élan lyrique.

Quant à l’ouverture définitive de la Maison des étudiants, si tout se passe sans accroc, elle pourrait se faire en janvier 2021.