Les policiers se sensibilisent aux gens souffrant d’Alzheimer

FORMATION • Plus de 600 agents de la police cantonale ont déjà suivi un cours afin de mieux repérer les personnes atteintes de démence et, surtout, savoir comment se comporter avec elles.

  • Après avoir suivi cette formation, les agents repartiront sur le terrain, mieux préparés pour aborder les personnes atteintes de démence.  CHRISTIAN BONZON

    Après avoir suivi cette formation, les agents repartiront sur le terrain, mieux préparés pour aborder les personnes atteintes de démence. CHRISTIAN BONZON

Dans la salle de conférences de l’Hôtel de police de la Gravière, aux Acacias, on parle plus souvent de stratégie que de maladie. Mais en cette matinée automnale, en civil ou en uniforme, les policiers sont venus assister à un cours de sensibilisation à la maladie d’Alzheimer, dispensé – bénévolement – par Sophie Courvoisier, directrice de l’Association Alzheimer Genève, et Mikaela Halvarsson, psychologue à l’EMS des Charmettes.

Des outils pour communiquer

«Le but est de comprendre la maladie et de donner des outils aux policiers pour aborder des personnes atteintes de démence», explique l’officier de prévention Giovanni Martinelli. «Les gens qui souffrent d’Alzheimer peuvent adopter un comportement défensif, rappelle Sophie Courvoisier. Une voiture avec un gyrophare, une sirène, peut entraîner une source de stress, une menace.» Sur le terrain, les policiers sont amenés à traiter des cas de fugues, de disparitions, voire de violences conjugales liées à la maladie.

Après une partie théorique, expliquant les conséquences de cette démence sur le cerveau, place aux «outils» pour communiquer avec les malades. Mikaela Halvarsson conseille avant tout d’éviter «un ton monocorde. Si vous avez la bonne attitude , la personne va se calmer.» Pour le policier, il s’agira donc de sourire, de respecter une certaine distance avec la personne. «Il faut lui parler seulement lorsqu’elle vous a vu, continue Sophie Courvoisier. Présentez-vous , donnez votre nom et votre profession, parlez calmement, faites des phrases courtes et simples. Et, surtout, laissez à la personne atteinte de démence le temps d’exécuter votre demande.»

Autres recommandations: «Prenez les problèmes et les peurs du malade au sérieux. N’essayez pas de convaincre une personne malade d’une chose qu’elle ne peut pas admettre. En aucun cas ne prenez ses déclarations pour des attaques personnelles, gardez votre calme face à d’éventuelles insultes.» Plus facile à dire qu’à faire sans doute, mais les policiers sont réceptifs.

Aller plus loin

Après deux heures et demie de cours et de questions, les agents reprennent le chemin de leur travail de proximité, quotidien. A ce jour, 650 policiers ont suivi la formation, d’autres la suivront. Le major Luc Broch, chef de la police de proximité, souhaiterait aller encore plus loin dans ce partenariat. Comment? «Il faudrait que les avis de disparition délivrent d’autres informations aux policiers que le nom et le prénom de la personne qui a fugué, son nom de jeune fille s’il s’agit d’une femme, son ancienne profession, les adresses où la personne a habité au cours de sa vie.» Parce que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer revisitent toutes leur passé.