«A l'heure où l'on parle du Grand Genève, il faudrait déjà savoir où commence la frontière cantonale!», s'exclame Philippe Bouchardy, ancien conseiller municipal. «En bordure de l'autoroute et de la route de Suisse, il y a deux bornes signalant l'entrée dans le canton de Vaud. Or, ces dernières sont placées sur notre sol, à une dizaine de mètres de la frontière cadastrale.»Ces pierres sont, par ailleurs, frappées des armoiries vaudoises d'un côté, mais pas de l'écusson genevois de l'autre, comme le voudrait la tradition. «Il faudrait les déplacer. C'est une violation flagrante de notre territoire», stipule celui qui a alerté à ce sujet la Chancellerie d'Etat, le Grand Conseil et le MCG. Sans succès.
Bornes fédérales
A l'évidence, ces bornes, qui prêtent à confusion, n'intéressent pas nos édiles. Les Vaudois grignotent nos terres, et tout le monde s'en moque, est-ce possible? «En fait, ces deux bornes n'ont rien à voir avec la mensuration officielle», souligne, amusé, Laurent Niggeler, notre géomètre cantonal, directeur du Service de la mensuration officielle au Département de l'intérieur, de la mobilité et de l'environnement (DIME). «En Suisse, les bornes servent uniquement à délimiter nos frontières avec les pays voisins», explique-t-il. «C'est une tâche qui incombe à la Confédération.» Pour l'anecdote, notre canton est ainsi ceinturé par 450 bornes-frontières, marquant le passage de France en Suisse, soit une tous les 200 mètres environ.
Un mystère
En théorie, aucune borne ne devrait donc être placée pour indiquer un changement de canton. «Sur l'autoroute, l'entrée de Genève est juste signalée par un grand panneau touristique, orné du jet d'eau», stipule le directeur du Service cantonal de la mensuration officielle. Mais alors d'où proviennent ces mystérieux cailloux, qui agacent M. Bouchardy depuis dix ans? Notre géomètre donne sa langue au chat. «Aucune idée. Ce n'est pas des bornes que l'on gère.» Le mystère reste entier. Si vous avez des tuyaux, appelez-nous!