«L’histoire de GHI, c’est un peu celle de David contre Goliath»

ÉDITION • Jean-Marie Fleury, éditeur du GHI, sort un pamphlet qui relate le demi-siècle de vie du premier gratuit de Suisse romande, un «vilain petit canard» qui a su, contre vents et marées, faire son nid à Genève. A lire absolument.

  • En 2020, «GHI» fêtera son demi-siècle. DR

    En 2020, «GHI» fêtera son demi-siècle. DR

– Jean-Marie Fleury pourquoi ce livre maintenant?

– J’ai 76 ans. A l’heure de prendre une retraite partielle pour laisser la place aux jeunes, j’ai jugé que le temps était venu de raconter l’histoire du «GHI» («Genève Home Informations»). Un vilain petit «canard» qui ose bousculer, depuis bientôt 50 ans, le monde de la presse genevoise.

– Que découvriront les lecteurs?

– L’histoire de «GHI» est un peu celle de David contre Goliath. Dès sa sortie, en 1970, les éditeurs, les géants de la pub et l’establishment genevois ont tout fait pour barrer la route au premier gratuit de Suisse romande. Du jour au lendemain, je suis devenu l’homme à abattre, l’ennemi public numéro 1. Tous voyaient en moi un sérieux perturbateur à leurs affaires florissantes.

– Concrètement?

– Toutes les institutions locales m’ont boycotté. J’ai reçu des menaces, des amendes en série. Il y a eu des pressions sur les imprimeurs… Tout était bon pour contrer l’intrus. Pensez donc, on n’allait pas se laisser faire et risquer de voir un inconnu rompre le parfait équilibre en place. Chaque année, la presse payante engrangeait de substantiels bénéfices de plusieurs dizaines de millions. C’était une époque bénie.

– Au fond, votre goût du risque et de la nouveauté, votre capacité aussi à refuser avec entêtement la vision dominante, celle du pouvoir en place, se sont révélés un modèle d’affaire plutôt visionnaire et payant. Pas mal pour un gratuit…

– (Sourire) Oui, mon livre est d’ailleurs intitulé L’aventure GHI: un contre-pouvoir genevois. Il traite des nombreux combats menés mais aussi des nombreux coups médiatiques réussis. Il y en a eu des très retentissants. Bref, je raconte toutes les péripéties et rebondissements qui expliquent comment le vilain petit canard a fini par faire son nid à Genève.

– Et rééditer la success story cinq ans plus tard à Lausanne…

– Oui, je parle également de «Lausanne Cités», le premier gratuit vaudois que j’ai lancé en 1975.

On vous sait plutôt réservé sur votre vie privée… Que dévoile le livre sur votre parcours personnel, sur le Jean-Marie Fleury intime?

– Ma vie privée se fond avec celle de «GHI». En 1970, j’avais 28 ans, j’étais jeune, sans argent et plein d’ambition. Alors que je ne connaissais rien à la presse ni à la publicité, j’ai investi cette profession avec détermination et beaucoup d’espoirs. J’étais convaincu que je réussirais à percer dans cette branche très fermée qu’était l’édition de journaux. Tout cela, je n’aurais pas pu l’entreprendre et le réussir sans le soutien de ma famille, de mes proches. Aborder ces aspects-là et mon enfance dans le Jura permet aussi de mieux mesurer le chemin parcouru.

– Et comment voyez-vous celui qui reste à parcourir, surtout après le rachat*, à la barbe de Christoph Blocher, de toutes les parts des titres «GHI» et «Lausanne Cités»?

– Le rachat des titres était une démarche émotionnelle. Je ne me voyais pas partir en laissant derrière moi mes journaux que je considère un peu comme mes bébés éditoriaux. Je les confie aujourd’hui à mon fils Pascal. Il saura en prendre soin!

*Toutefois, il y a un bémol dans cette affaire qui attend toujours la décision de la Comco (Commission de la concurrence) pour être définitive. Aux dernières nouvelles l’étude du dossier pourrait durer jusqu’à décembre 2018.

«L’aventure GHI. Un contre-pouvoir genevois», le livre paru en septembre peut s’acquérir au prix de 15 francs aux Editions Favre à Lausanne, ou en renvoyant le coupon de commande que vous trouverez ci-dessous.

En vente également dans toutes les bonnes librairies ou www.editionsfavre.com