Mauro Poggia: «Il y a une certaine schizophrénie du Grand Conseil»

Le conseiller d’Etat chargé de la Sécurité, de l’Emploi et de la Santé regrette le gel des postes supplémentaires décidé par l'Entente et par son parti, le MCG, mercredi.

  • Mauro Poggia: «Certains services sont dans des situations difficiles pour remplir leur tâche.» DR

Le conseiller d’Etat chargé du Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé, Mauro Poggia, ne décolère pas. En cause: le projet de budget 2020 porté par l'Entente et le MCG, son parti. Mercredi soir, la commission des finances a décidé le gel des 412 postes supplémentaires en échange du versement de l'annuité publique de 2020.

GHI: Comment allez-vous faire sans ces postes?

Mauro Poggia: Cela fait une centaine de postes pour mon département. Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’Office cantonal de la population. Il est submergé. Cet office a assumé l’opération «Papyrus» (régularisation des sans-papiers) sans un collaborateur supplémentaire. Tout cela a eu des incidences. Le fait qu’on ne leur donne pas de moyens supplémentaires est irresponsable.

- Y a-t-il d’autres conséquences concrètes de ce gel?

- Oui. Sur le convoyage des détenus, par exemple. Dans ce dossier, il y a une certaine schizophrénie du Grand Conseil. Le parlement a voté une loi qui nous oblige à internaliser le convoyage. Ce qui veut dire qu’à l’horizon mai 2022, on doit engager et former 84 assistants de sécurité publique. Et aujourd’hui, on ne me donne pas les postes pour le faire. J’ai l’impression que le Grand Conseil privilégie la posture au discernement.

- Dans ceux qui ont voté, il y a le MCG, votre parti…

- C’est vrai. Il y a les miens. Et je leur ai dis que sur ce point je n’étais pas d’accord. Parfois, il faut faire des choix. L’annuité 2020 aurait pu être abandonnée. Ce d’autant que l’ensemble des fonctionnaires vont recevoir le rattrapage de l’annuité 2016, en cette fin d’année. Il ne faut pas oublier une chose: donner 53 millions de francs pour l’annuité 2020, ce n’est pas un poste de travail supplémentaire. Sachant que dans le Petit Etat, la priorité au résident est absolue, cela aurait été 400 personnes résidentes qui auraient eu un emploi et seraient devenues des contribuables du canton.

- Est-ce que renoncer à l'annuité est une bonne solution?

- Non, mais c’est moins pire que de renoncer aux postes de travail. Car certains services sont dans des situations difficiles pour remplir leur tâche.

- Si je simplifie, vous trouvez que c’est un vote plus démago que pragmatique?

- Oui… Dire que l’Etat ne doit plus engager parce que ça coûte trop cher, et ce, sans faire une analyse fine, selon les besoins, c’est la solution de facilité. C’est comme les coupes linéaires.

- Et maintenant?

- Tout le monde comprend bien que Genève doit avoir un budget. On ne peut pas se permettre d’aller aux douzièmes provisoires. J’espère que l’on va trouver des solutions d’ici au mois de décembre. Sinon, il faudra qu’on se mette d’accord avec les pyromanes d’un jour pour qu’ils nous donnent des extincteurs pour le début de l’année.