Mystérieux tags anti-drogue sur les trottoirs de Plainpalais

TRAFIC DE STUPÉFIANTS • Des inscriptions «Dis non à la drogue» fleurissent sur les trottoirs de l’avenue du Mail. Leur but? Faire fuir les consommateurs. Témoignages.

  • L’avenue du Mail taguée par un commando de résidents excédés par le trafic de drogue.  CHRISTINE ZAUGG

    L’avenue du Mail taguée par un commando de résidents excédés par le trafic de drogue. CHRISTINE ZAUGG

D’intrigantes inscriptions le long des trottoirs de l’avenue du Mail à Plainplalais interpellent les badauds. Depuis une semaine, vers la place du Cirque, près du salon de jeux, ou encore en bas de l’armurerie, on peut lire «Dis non à la drogue».

Qui?

Qui est à l‘origine de ces inscriptions écrites en noir avec l’aide de chablons? Mystère. «Sans doute un résident excédé par les va-et-vient incessants des consommateurs le soir et les week-ends», confie une habitante. «Tant qu’il y aura des acheteurs, les dealers seront toujours là, poursuit un commerçant. Et depuis qu’il y a ces inscriptions, je ne vois plus de troupeaux de trafiquants et de consommateurs les soirs devant mon magasin!»

Chasse aux consommateurs

Un cafetier précise de son côté que le phénomène n’est pas nouveau mais qu’il a évolué: «Il y a trois ans, de précédents tags, également peints à même le sol, mentionnaient check point drogue. Ils montraient plutôt du doigt les dealers.» Son voisin enchaîne: «J’ai entendu dire que les derniers tags ont été faits de nuit par un commando anti-deal, composé de résidents et de commerçants excédés par le trafic de drogue sous leurs fenêtres, voire devant leur paillasson. Aujourd’hui, il est passé à l’étape supérieure! C’est très bien, la police ne peut pas être partout, et depuis lors, on nous fout la paix.»

Effet positif

«Lorsque les consommateurs verront qu’ils sont aussi ciblés, ils n’oseront plus venir, espère une habitante qui vit depuis 25 ans dans le quartier. La preuve? Depuis une semaine, je peux enfin sortir mon chien à 19 heures sans qu’on me propose, devant ma gamine de 9 ans, des doses de drogue!»

Changement de rue

De son côté, un agent du contrôle de stationnement rétorque: «C’est une bonne initiative et même une bonne idée d’inciter à faire fuir les consommateurs. Cela dit, le trafic existe toujours, il a juste été déplacé… à la rue d’à côté.»

Les tags au sol sont amendables

ChZ • D’une manière générale, le tag s’assimile à une dégradation d’un bien. «Lorsqu’il s’agit de bâtiments de la Ville de Genève ou de mobilier urbain, la Voirie ou le service concerné déposent plainte auprès de la police», rappelle Cédric Waelti, chargé de la communication au Département de l’environnement urbain et de la sécurité. Il souligne que le libellé du texte n’a aucune importance: «Selon la gravité de l’infraction, notamment si les messages sont injurieux, la Ville de Genève peut déposer plainte à la police, poursuit Cédric Waelti. De notre côté, nous nettoyons ces inscriptions sauvages systématiquement, car, malheureusement, un tag en appelle un autre.» La justice genevoise précise pour sa part que l’amende pour dommage à la propriété, peut s’élever jusqu’à plusieurs milliers de francs.