Parc Bertrand: Une exposition crée la polémique

PARC BERTRAND • Certains clichés jugés violents mettent en émoi les riverains du parc Bertrand.

  • Des images violentes heurtent les badauds parce que l'exposition se trouve à proximité d'une école.

    Des images violentes heurtent les badauds parce que l'exposition se trouve à proximité d'une école.

Après le cheval suspendu à Plainpalais, voilà qu'un nouvel accrochage crée la polémique. Au parc Bertrand, une exposition de photos indigne certains promeneurs. Ces clichés exotiques représentent le monde tel que le voyaient les Occidentaux à la fin du 19e siècle. Un ailleurs stéréotypé, pittoresque et surtout dérangeant.

«Pas dans un parc»

«C'est une belle expo, mais sa place est dans un musée, pas dans un parc», certifie un groupe de visiteurs, en contemplant le panneau consacré aux «supplices chinois». Pieds de jeunes filles réduits à l'état de moignons, prisonniers condamnés au gibet, les images interpellent, voire choquent. Surtout dans ce cadre bucolique. D'où l'émoi perceptible. «Certaines de ces photographies peuvent traumatiser les enfants», confient de jeunes mamans, horrifiées par une scène d'infanticide au Japon, affichée devant l'espace des jeux. Sur le poster, un bambin gît inanimé aux pieds d'une estrade, sous l'œil de son père, en position de kung-fu. Du moins le croit-on. Car la photo prête à confusion, si on ne lit pas le texte explicatif. En fait, il s'agit d'une mise en scène cruelle, simulant un accident domestique.

Lire les panneaux

«Il faut avoir l'œil critique, car certaines images peuvent être mal interprétées», souligne un retraité, scotché devant le cliché d'une pygmée du Mexique. Tirées de la collection d'Alfred Bertrand, l'ancien propriétaire du parc, ces photos sont parfois interprétées comme étant racistes ou misogynes. «On ne peut pas afficher de telles images dans un espace public, c'est insultant», s'indignent ainsi quelques Africaines, en découvrant une photo du village «nègre» installé sur la Plaine lors de l'expo nationale de 1896.Le Musée d'ethnographie et le Département de géographie de l'Uni se sont associés pour mettre une touche d'exotisme dans cet écrin de verdure. Un peu trop au goût de certains. Mais le propre d'une bonne exposition n'est-elle pas, justement, de susciter la réflexion, le débat? En cela, ma foi, c'est une réussite.

«Clichés exotiques. Le tour du monde en photographies (1860-1890)», jusqu'au 19 septembre, au parc Bertrand.

«Pas plus violentes que les jeux vidéo»

ChZ • Le Département de la culture relativise le choc de ces images, même si elles sont exposées à proximité d'une école: «Les enfants voient pas mal de scènes violentes à la télévision ou dans les jeux vidéo», relève son chargé de presse Félicien Mazzola. Par ailleurs, il rappelle aussi que l'objectif de cette exposition mise en place par l'Université de Genève et le Musée d'ethnographie en se basant sur des images du 19ème siècle, est précisément de susciter une réflexion sur nos pratiques actuelles.