Régulation illégale de la faune? Les pêcheurs contre-attaquent

CORMORANS • La Fédération des sociétés de pêche genevoises vole au secours de l’Etat de Genève, attaqué pénalement pour des tirs illégaux d’oiseaux prédateurs dans un canton sans chasse.

  • «Les cormorans bouffent nos truites et nos ombres», dénoncent les pêcheurs genevois. GETTY IMAGES/PCHOUI

    «Les cormorans bouffent nos truites et nos ombres», dénoncent les pêcheurs genevois. GETTY IMAGES/PCHOUI

Genève, un canton où la chasse est abolie depuis 43 ans, a-t-il le droit de tirer des animaux sauvages? La justice pourrait se pencher sur cette épineuse question, suite à une dénonciation pénale de la Ligue suisse contre la vivisection (LSCV) contre l’Etat de Genève. Le 9 mai dernier, l’organisation s’est adressée au procureur général pour des tirs de cormorans, mais aussi de chevreuils, qu’elle considère comme illégaux. En deux mots, elle reproche aux autorités concernées de «chasser» illégalement. Selon elle, le Canton a enfreint la loi en demandant des préavis de tirs à la commission consultative de la diversité biologique, plutôt qu’à la commission de régulation de la faune.

Pêcheurs outrés

Face à ces attaques, la Fédération des sociétés de pêche genevoises (FSPG), vole au secours de l’Etat: «Nous nous plaignons depuis des années que le Canton ne régule pas les cormorans alors qu’ils mangent nos truites et nos ombres dans nos rivières, détaille son président Christian Ebener. Ces oiseaux piscivores prélèvent trop de salmonidés rajoutés dans nos rivières parce qu’il en manque.» Et Michel Nargy, président de l’Association des pêcheurs du lac de renchérir: «Les cormorans envahissent la Suisse depuis cinq ans. Genève n’a pas échappé à cette augmentation des effectifs. Alors pourquoi nous reprocher les tirs de deux cormorans? Ailleurs en Suisse, dans la même période 1500 spécimens ont été abattus dont 250 uniquement en Valais.»

Tirs exceptionnels

De son côté, la Direction générale de l’agriculture et de la nature (DGAN) se défend. Pour elle, il ne s’agissait pas de régulation, mais bien de tirs exceptionnels. Tirs, autorisés par la loi fédérale sur la chasse. Ce que conteste la LSCV: «La DGAN oublie que la loi fédérale ne fait qu’instituer un cadre légal, a rappelé l’organisation à l’ats. Et les cantons peuvent choisir de le restreindre, comme à Genève.»

Et Luc Barthassat, patron de l’Environnement cantonal d’assurer: «Ces tirs sont effectués hors régulation, lorsque nous constatons des dégâts importants. Il n’a jamais été question de réintroduire la chasse à Genève!»