RIE III: rupture de collégialité

VILLE DE GENÈVE • Le magistrat Rémy Pagani prend à partie ses pairs de l’exécutif qu’il accuse de brader les acquis sociaux. Antagonisme vain, rétorque le maire.

  • Rémy Pagani monte aux barricades. STéPHANE CHOLLET

    Rémy Pagani monte aux barricades. STéPHANE CHOLLET

Cette fois, la rupture de collégialité est consommée. Pour le conseiller administratif Rémy Pagani, la Réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) vaut largement de prendre à partie ses pairs de l’exécutif en Ville de Genève. C’est ce qu’il a fait de manière tranchée, le mardi 15 novembre. «Je méprise ceux qui ont baissé pavillon avant même de combattre. La RIE III va provoquer un manque à gagner fiscal de près de 100 millions par an pour la Ville de Genève. C’est inacceptable. Je ne veux pas me retrouver à devoir licencier du personnel municipal comme certains l’envisagent déjà», tonne le magistrat d’Ensemble à Gauche, rompu aux frondes solitaires.

«Je me suis distancé de mes quatre collègues qui ont tous répondu au chant des sirènes du Conseil d’Etat qui propose un taux d’imposition unifié pour toutes les entreprises à 13,49%, poursuit Rémy Pagani. Ce taux n’a rien de concurrentiel ni d’attractif. Au contraire, en le défendant, le collège brade sciemment les acquis sociaux de la fonction publique, de la classe moyenne et des couches populaires. Tous seront dans l’obligation de revoir les prestations à la baisse, comme par exemple les crèches, l’hôpital ou l’école. Sans parler des cadeaux fiscaux ou de la dette déjà abyssale qui va encore augmenter dramatiquement. Je ne laisserai pas faire!»

Décidé à en découdre

Reste à savoir ce que Rémy Pagani propose. «Je suis pour un taux d’imposition à 16%, c’est la garantie de ne pousser personne dehors, d’éviter que les entreprises quittent le canton où que des PME locales, qui traversent déjà de sérieux problèmes, ne soient ruinées par la nouvelle imposition. J’invite donc le Conseil administratif de la Ville à revenir à un meilleur positionnement pour le bien des Genevois», conclut un Rémy Pagani, isolé certes mais fermement décidé à en découdre.