«Touche pas à mon arbitre!»

FOOTBALL • Un député veut durcir les sanctions contre les auteurs de violences. Réactions.

  • Arbitre, un métier de plus en plus à risques.

    Arbitre, un métier de plus en plus à risques.

On connaissait le slogan «Touche pas à mon pote!» Voici désormais «Touche pas à mon arbitre!» Le député Christo Ivanov (UDC) en a marre de la violence contre les arbitres sur les terrains de foot. Il n’a pas du tout aimé qu’un d’entre eux se fasse agresser le mois dernier, à l’occasion d’un match de 5e ligue, aux Evaux, à Onex. De graves blessures qui ont entraîné une hospitalisation et un arrêt de travail pour le professionnel et une grève des arbitres genevois de football amateur.

Christo Ivanov sait que «la violence sur les terrains de sport, et de football en particulier, n’est pas chose nouvelle», mais il ne compte pas rester passif. Il a déposé au Grand Conseil une proposition de résolution afin que ce dernier demande à l’Assemblée fédérale de durcir les sanctions à l’égard des auteurs de violence contre les arbitres.

«En France, explique le député, l’arbitre est considéré comme chargé d’une mission de service public et les atteintes dont il peut être la victime dans l’exercice de sa mission sont réprimées par des peines aggravées prévues par le Code pénal allant, théoriquement, de 2 à 15 ans de prison et à des amendes de 7500 à 150’000 euros [de 8600 à 172’500 francs]. Il existe un rôle social de l’arbitre. Or, son engagement, altruiste, n’est pas reconnu en Suisse. Associé au manque de respect et à des comportements inadmissibles de joueurs ou de spectateurs, on risque d’assister à une baisse des vocations!»

Dissuasif? Ou pas.

Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat en charge du Département de la cohésion sociale, prend «très au sérieux la question de la violence dans le sport, notamment envers les arbitres». Il estime toutefois «qu’il ne faut pas instrumentaliser ces questions à des fins purement politiques. Sans compter que les quelques tristes événements récents ne sauraient occulter le fait que, dans l’immense majorité des cas, les manifestations sportives se déroulent bien». Pour le magistrat socialiste, «la sanction ne crée toutefois pas la dissuasion et c’est par des actions portées par l’ensemble des partenaires que nous parviendrons à trouver des solutions». Le mois prochain, des états généraux seront convoqués «afin de trouver des réponses concrètes et efficaces».

Pascal Chobaz, président de l’Association cantonale genevoise de football (ACGF), préfère l’utilisation du cadre légal: «Personnellement, j’incite toujours les personnes victimes sur ou autour du terrain de foot à déposer une plainte pénale, déclare-t-il. Le terrain de sport, comme la rue ou le café, n’est pas une zone de non droit.» Et de préciser au sujet de l’agression des Evaux: «Les trois joueurs concernés sont toujours suspendus. Une décision va être prise prochainement par l’ASF [Association suisse de football] et elle aboutira vraisemblablement à une suspension de longue durée.»

Christo Ivanov, quant à lui, n’entend pas miser que sur la répression. Pour le député, il faut également relancer des campagnes comme celles Le respect ça change la vie (lire encadré).

"Il faut impliquer tout le monde"

«Organiser une campagne visant à (re)placer dans le football le respect comme valeur humaine fondamentale est indispensable», réagit André Castella, à l’origine de la campagne Le respect ça change la vie, aujourd’hui secrétaire général adjoint à l’Etat de Genève. «En réalité, ce dont nous avons besoin, c’est d’une campagne intitulée Le respect, ça change la vie… et le sport! et non pas uniquement dans le foot! Nous devrions réfléchir ensemble, impliquer le canton, les communes, les clubs de sports, les associations faîtières et les parents autour d’une campagne qui ne serait pas culpabilisante, une campagne positive qui démontrerait que le sport est une véritable école de vie où l’on apprend à perdre sans honte et à gagner sans écraser l’autre.»