L'écusson genevois sur une paire de fesses, est-ce bien raisonnable? Brown S et Seb Courage, deux organisateurs de soirées de la place, semblent penser que oui. En voulant honorer la cité de Calvin lors de Geneva & la Isla, une fête à Ibiza le 6 septembre, ils n'ont pas hésité à utiliser le symbole de la République pour orner le flyer promotionnel de la soirée. L'emplacement choisi pour mettre l'emblème en avant? Le derrière rebondi d'une fille dénudée. «C'est inacceptable de faire des poses à caractère sexuel sur un emblème officiel!, s'indigne Céline Amaudruz, présidente de l'UDC Genève. Il s'agit clairement d'un manque de respect pour l'identité genevoise.»
Gros flop
Seb Courage, pour sa part, minimise la polémique: «Il s'agit d'un photomontage, précise-t-il. Je trouve que l'image est amusante conceptuellement. Le flyer est très joli et ne me choque pas.» Un point de vue que ne partage pas Eric Bertinat, conseiller municipal UDC et candidat à l'exécutif: «Ce flyer est irrespectueux de A à Z et contient tout ce que je déteste: une dévalorisation de la femme et du drapeau genevois.»
Utilisation illicite
Une telle utilisation de l'écusson genevois est-elle pour autant illégale? «Il y a un usage illicite d'un signe public lorsqu'il est apposé sans droit sur des produits, explique Fabien Waelti, directeur de la Chancellerie d'Etat. Notamment lorsqu'ils sont destinés à être mis en circulation dans un but commercial ou lorsque son emploi est considéré comme étant contraire aux bonnes mœurs. Mais ces dispositions ne s'appliquent qu'aux emblèmes arborés par l'autorité.»
Motion en cours
Les organisateurs de la soirée à Ibiza ne sont donc pas en tort, leur écusson n'étant pas de source officielle. Mais cette marge de manœuvre risque de disparaître avec le dépôt d'une motion par l'UDC au Conseil national, le 13 septembre. Son but? Bannir toute utilisation dégradante des emblèmes de la Confédération, y compris avec des drapeaux non officiels. «Il y a une véritable lacune pour ce genre de cas dans la loi actuelle, souligne Céline Amaudruz. Nous en avons pris conscience au mois d'août, lorsque nous avons découvert des drapeaux suisses imprimés sur du papier de toilette. Pour l'instant, la motion est très bien accueillie par tous les partis de la droite.»