«La prise de position des marchands est déloyale»

Nouveau rebondissement dans la saga du réaménagement de la plaine de Plainpalais. Les signataires de la prise de position pour la votation du 27 novembre ont été mal informés des enjeux. Problème: c’est l’un des principaux arguments des partisans du projet de réfection. Notre enquête.

  • La contestation monte contre le projet de réfection de la plaine de Plainpalais. DR

    La contestation monte contre le projet de réfection de la plaine de Plainpalais. DR

«Cette démarche est doublement malhonnête!»

Séverin Brocher, représentant de l’Association pour la défense des arbres et des allées de la plaine de Plainpalais

«On représente les marchands de la plaine de Plainpalais!» Depuis la récolte des 50 signatures nécessaires au dépôt de sa prise de position pour la votation du 27 novembre, l’Association des Marchés, présidée par Willy Cretegny, se gargarise de son indiscutable représentativité (GHI 3.11.16). Problème! Notre enquête démontre tout le contraire! Après avoir contacté un par un tous les signataires, la conclusion est sans appel: cette prise de position n’a quasiment aucune valeur.

Confiance aveugle

L’immense majorité des personnes appelées ignore avoir signé en faveur de l’étape finale du réaménagement de la plaine de Plainpalais: «Willy Cretegny est le maraîcher chez qui nous achetons nos légumes, confie S.F.*. Avec mon mari, nous lui avons fait confiance mais il ne nous a absolument pas expliqué le contenu de cette prise de position.» Même son de cloche de la part d’A.C.*: «On m’a juste rapidement dit qu’on allait rajouter des arbres sur la plaine, j’ai signé en vitesse mais après avoir pris connaissance du projet, je voterai contre le 27 novembre.» Un couple habitant aux Grottes ajoute enfin: «Nous couchions les enfants, on a juste signé pour pouvoir se débarrasser de ces gens venus sonner à notre porte».

Le procédé fait bondir Michel Galli, représentant des puciers: «La prise de position des marchands est déloyale. Willy Cretegny prétend représenter les personnes qui travaillent sur la plaine alors qu’il n’arrive même pas à obtenir plus de cinq signatures de marchands sur les 50 exigées!

Démarche malhonnête

A l’inverse, notre groupement, opposé au projet, a récolté uniquement des signatures provenant de marchands exerçants à Plainpalais.» De son côté, Séverin Brocher, représentant de l’Association pour la défense des arbres et des allées de la plaine de Plainpalais, enfonce le clou: «Cette démarche est doublement malhonnête car les signataires n’ont pas reçu une information complète et on les fait passer pour des commerçants».

«Cessons de parler des arbres!»

Contacté pour s’expliquer sur la méthode de récolte des paraphes, Willy Cretegny botte en touche: «Maintenant, il faut arrêter ce déballage pour savoir pourquoi les gens ont signé. L’important est d’aller de l’avant avec ce projet de réfection et cessons de ne parler que des arbres.» Carlos Lopez, architecte en charge du projet, se défend de toute mauvaise foi: «Lorsque nous avons fait signer les habitants, nous leur avons bien expliqué l’intégralité de la démarche. L’important pour nos adversaires, c’est de douter de tout et de rien, de crier au complot.»

Ville sereine

Attaqué de toutes parts, le magistrat Rémy Pagani reste malgré tout très optimiste quant à l’issue de la votation du 27 novembre: «Les habitants de la Ville de Genève savent qu’après qu’un arbre soit tombé lourdement le jour du Jeûne genevois il n’existe aucune autre solution que de planter de nouveaux arbres et de réaliser ce projet. Si tout devait être repris, la facture serait plus importante, car la plaine de Plainpalais doit impérativement être rénovée.»

* noms connus de la rédaction

Une votation attendue

Le 27 novembre, les habitants de la Ville de Genève diront s’ils veulent ou non du réaménagement de la plaine. Ce dernier comprend la requalification complète de l’allée périphérique côté avenue Henri-Dunant, la finalisation de l’aménagement côté avenue du Mail, comprenant au total la  plantation de 87 arbres, la transplantation de 54 arbres, la mise en place des réseaux en sous-sol et d’équipements pour les marchés ainsi que le renforcement de l’éclairage.