«Plein le dos des cartables trop lourds!»

  • Bourrés de livres, classeurs et cahiers, les sacs à dos des élèves de l’école obligatoire pèsent jusqu’à 7 kilos.
  • Beaucoup trop! Un député réclame des mesures urgentes pour soulager le dos malmené des enfants.
  • De son côté, le Département de l’instruction publique botte en touche et rappelle notamment l’existence des casiers et des armoires dans les établissements scolaires.

  • «Voilà ce que ma fille porte tous les jours sur le dos», s’offusque le député Florian Gander. DR

    «Voilà ce que ma fille porte tous les jours sur le dos», s’offusque le député Florian Gander. DR

  • «Voilà ce que ma fille porte tous les jours sur le dos», s’offusque le député Florian Gander. DR

    «Voilà ce que ma fille porte tous les jours sur le dos», s’offusque le député Florian Gander. DR

«Sept kilos sur le dos, c’est trop pour nos élèves à l’ère du Net!»

Florian Gamder, député MCG au Grand Conseil

«C’est tout de même incroyable qu’au XXIe siècle, à l’heure du numérique, des élèves portent encore sur leur dos près de 7 kilos d’affaires d’école tous les jours! Il en va de leur santé!» La motion du député MCG Florian Gander «Des cartables trop lourds: attention à la santé de nos à dos!», déposée début mars au Grand Conseil, réclame des mesures urgentes dès la rentrée scolaire 2018.

Poids du cartable = 10% du poids de l’élève

«La réflexion doit aller au-delà d’installations sporadiques de casiers dans les écoles, poursuit Florian Gander. Un élève de sixième pesant 40 kg porte jusqu’à 7 kilos, voire au-delà selon le degré d’enseignement. Les affaires d’école ne devraient pourtant pas dépasser 4 kilos, qui correspondent au 10% du poids d’un adolescent.»

Familles monoparentales

Une situation lourde de conséquences dénoncée par Sophie*, mère d’un écolier de 12 ans: «Mon fils, doit trimballer au bas mot une dizaine de kilos de livres, de cahiers et de classeurs tous les jours. Depuis, il souffre d’une scoliose! Et dans son école, il n’y a pas assez de casiers pour tous les élèves et les profs ne mettent pas forcément des armoires à disposition dans les classes.» Et Giovanni*, père d’une élève de 13 ans, de renchérir: «Ma gamine vit deux jours par semaine chez sa mère. Elle est donc obligée d’avoir toujours sur elle ses affaires d’école, sans quoi elle sera sanctionnée par ses professeurs.»

Solutions?

Voilà pour le constat. Mais quelles sont les solutions préconisées par le député Florian Gander? «Il faut arrêter d’obliger les élèves de devoir porter sur le dos la totalité des cours pour l’entier de l’année alors que les branches enseignées peuvent être scindées en périodes trimestrielles», stipule notamment la motion. «Certains chapitres peuvent en effet être mis dans des petits classeurs plastifiés, permettant de réduire le poids, affine le député MCG. De plus, du point de vue écologique et avec Internet, je pense qu’il est aussi temps de réduire la consommation de papier et d’aller plus vers des supports numériques.»

Pupitres, casiers et armoires

Interrogé, le Département de l’instruction publique (DIP) botte en touche, rappelant que des solutions adaptées à chaque environnement scolaire sont mises en place. Des exemples? «Au primaire, le matériel reste en général à l’école dans le pupitre de l’élève et seule une partie est emportée à la maison pour faire les devoirs. Il ne s’agit en principe pas de matériel lourd, rappelle Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP. Au Cycle d’orientation, les élèves disposent de casiers et d’armoires.» Il précise aussi que «les élèves ne portent en principe que le matériel dont ils ont besoin au cours de la demi-journée. Ils ne sont jamais obligés d’avoir tous les livres, classeurs et cahiers pour l’ensemble des cours. Si les fichiers sont séparables, comme c’est le cas dans le domaine de sciences et de la nature, les élèves peuvent apporter en classe que la partie étudiée.»

Numérique contre papier

Le DIP tient aussi à rappeler que le numérique ne se substitue pas au papier mais vient en complémentarité: «Il est vrai qu’il représente à la fois un défi technique et un investissement important. Mais le papier reste indispensable dans le processus de l’apprentissage et de la connaissance», note Pierre-Antoine Preti. Le porte-parole ajoute que le DIP n’envisage pas pour l’heure de fournir une tablette numérique à chaque élève: «Il n’existe en effet pas de manuels numériques exploitables. Seuls les élèves des cours de langue peuvent obtenir des compléments en ligne Nous n’excluons toutefois pas l’hypothèse que dans un futur proche, des cours puissent être accessibles sur de tablettes numériques .»

En deux mots, ce n’est pas demain que les cours numérisés feront leur entrée dans les classes de l’école obligatoire. Cartables trop lourds ou mauvaise organisation de l’élève, c’est maintenant aux députés de mettre la question sur la balance lors des prochaines sessions parlementaires.

*noms connus de la rédaction

"Deux ados sur cinq souffent du dos"

«A l’âge de 7 ans, 7% des enfants se plaignent de douleurs lombaires. A l’adolescence, le chiffre monte à 20%, rappelle le député MCG Florian Gander, se référant à une étude* menée début 2017 par des spécialistes californiens en orthopédie pédiatrique sur quelque 3500 écoliers âgés de 11 à 15 ans. «Cette étude montre que deux adolescents sur cinq souffrent d’un mal de dos qui pourrait être lié au port de leur sac d’école, poursuit-il. Il y a de quoi s’inquiéter quand on sait qu’au moment de la puberté, la croissance va accentuer le phénomène. C’est en effet au cours de l’adolescence que les vertèbres de la colonne connaissent une croissance maximale. Or, les enfants vont grandir au niveau du squelette sans se renforcer au niveau musculaire.»

*Etude scientifique réalisée par les chercheurs du Nationwide Children’s Hospital, à Colombus (Ohio, Etats-Unis) et publiée en janvier 2017 par la revue «Jama Pediatrics».