Le sens du vent

Ça n’est qu’un sondage, ne nous emballons pas. Mais tout de même: l’étoile des Verts, en Suisse, semble commencer à pâlir. Elle avait déjà pris la lumière, en 2011, suite à l’accident nucléaire de Fukushima, éhontément exploité par les états-majors écologistes d’Europe, et notamment dans notre pays. Elle s’était ternie, elle avait repris du poil de la bête avec la question climatique. Et là, à nouveau, les gens semblent commencer à se rendre compte des limites d’un certain langage: celui des prophéties d’Apocalypse.

Curieux, tout de même, ce terreau politique qui puise ses racines dans la peur ressassée des catastrophes. Rien de nouveau, l’Histoire regorge d’exemples. Mais tout de même, entre citoyennes et citoyens libres, responsables, rationnels, on peut espérer mieux que cet appel continuel au grand frisson. Si les Verts devaient régresser d’ici aux élections fédérales d’octobre 2023, ils le devraient à eux-mêmes: la part excessive de leur propre discours.

Les gens ne sont pas dupes, ils décèlent l’opportunisme, l’exagération, la propagande, la tentative d’imposer une terminologie: «Crise climatique, transition écologique, mobilité douce». Il arrive que les plus empressés des fidèles se lassent, eux aussi, des lourdeurs du catéchisme.

Un jour viendra où cette mode se calmera. Et où les petits malins des autres partis, tout empressés aujourd’hui à voler aux Verts leurs mots pour surfer sur la vague, auront l’air, rétrospectivement, bien misérables, dans leur suivisme, leur manque de courage, leur lamentable comportement de plagiaires. Juste pour être dans le sens du vent.