Le troisième Vert

Qu’il faille bouter hors de Genève les fous du volant, nous en sommes bien d’accord. Oui, il faut limiter la vitesse en zone urbaine, et pas seulement à proximité des écoles. Oui, il faut prôner une conduite automobile lente et prudente en ville. Oui encore, il faut des zones à 30 km/h. Si on veut faire des concours de vitesse, on s’inscrit dans un club de course automobile, ou de rallyes, et on pulvérise le mur du son dans les espaces où on en a le droit.

Pour autant, la méthode de Serge Dal Busco (conseiller d’Etat chargé des Infrastructures) n’est pas la bonne. Il déboule un beau jour, nous annonce un 30 km/h quasiment généralisé, réveille la guerre de religion, fait hurler une bonne partie de la population genevoise. Le mécontentement des gens ne vient pas de la limite à 30: toute personne dotée d’un minimum d’intelligence peut comprendre qu’elle s’impose dans un univers mixte, où l’automobiliste côtoie le cycliste (qui ne dispose pas toujours de sa piste), voire le piéton. Dans ces cas-là, la prudence s’impose. Ainsi qu’une conduite attentive, courtoise, respectueuse. Les démarrages en trombes après un feu et les pointes de vitesse sont à prohiber, c’est certain.

Non, la colère vient de la méthode. Une fois de plus, le ministre impose une idée qui n’est pas de son camp. Une fois de plus, il donne l’impression de chercher à plaire à l’actuelle majorité exécutive de gauche. Une fois de plus, on se dit qu’il y a un troisième Vert au Conseil d’Etat. C’est cela, le vrai problème. Il n’est pas routier. Il est de l’ordre de la confiance. Et de la cohérence. En un mot, il est politique.