Léman Bleu dans le collimateur de la Ville

INTERPELLATION • Suite aux incessants changements de direction de la chaîne de télévision locale, le conseiller municipal Eric Bertinat tire la sonnette d’alarme.

  • La rédaction de Léman Bleu a vu défiler de nombreux directeurs et rédacteurs en chef . DR

    La rédaction de Léman Bleu a vu défiler de nombreux directeurs et rédacteurs en chef . DR

Depuis le départ de Michel Chevrolet, à l’automne 2008, les changements de direction à Léman Bleu se sont multipliés quasiment sans interruption (voir encadré). Sans parler de la valse de personnel. Mi-janvier, les trois derniers directeurs ont été remerciés. Cette situation n’a pas laissé indifférent le conseiller municipal UDC Eric Bertinat qui a interpellé par écrit l’exécutif à ce propos. «La Ville de Genève, qui est actionnaire de la chaîne, ne peut pas rester ainsi à observer sans rien dire, ni rien faire, explique l’élu. Il faut arrêter le massacre!»

CA responsable

Pour l’agrarien, le conseil d’administration (CA) est clairement responsable de cette situation. «On multiplie les effets d’annonces, les changements de personnel, sans que l’on sache réellement quelle est la ligne que dicte ce conseil, poursuit Eric Bertinat. Je remarque que Philippe Lathion, président de ce CA, est membre d’une trentaine de conseils d’administration rien qu’à Genève et qu’aucun membre n’est un professionnel des médias audiovisuels. Je pense qu’il y a un truc qui cloche.»

Tous les anciens directeurs partis de Léman Bleu, sans exception, font le même constat. Pour eux, ces multiples changements sont l’œuvre d’un conseil d’administration qui n’y connaît rien à la télé, commande sans être présent et considère la chaîne comme son joujou. «Comment voulez-vous mettre en place une stratégie, une grille de programmes, fidéliser des téléspectateurs si l’on casse tout au bout d’une année? s’interroge un ancien de la maison. C’est pourtant ce qui se passe depuis 2009.»

Equilibrer les comptes

La dernière décision de conseil d’administration apparaît d’autant plus surprenante que le nombre de spectateurs est en hausse. Il est ainsi passé de 38’000 en moyenne par jour en 2013 à 55’000 en 2014. «Ce n’est pas parce que l’audience augmente que les objectifs sont atteints, rétorque Philippe Lathion. Les recettes publicitaires ne suivent pas et notre travail consiste à équilibrer les comptes.»

Le président ne cache d’ailleurs pas les soucis financiers de Léman Bleu. «Au fil des années, en cédant Naxoo, la Ville s’est désengagée, l’Etat aussi suite à la perte des retransmissions des séances du Grand Conseil, rappelle-t-il. Léman Bleu est aujourd’hui gérée comme une société privée.»

Pour le reste des reproches, Philippe Lathion précise que la mission du CA est de définir une stratégie et de nommer des gens chargés de l’appliquer. «Nous ne sommes pas là pour pouponner une direction et être présents en permanence. Si tel était le cas c’est qu’il y aurait un problème, dit-il. Je peux comprendre une certaine frustration des directions passées mais aucune n’est parvenue à faire de la télé en respectant un cadre budgétaire. De plus, chaque changement de direction a eu son explication et tous n’ont pas été licenciés, certains ont quitté la chaîne de leur plein gré. Et j’avoue que remplacer un homme de la trempe de Michel Chevrolet n’est pas facile.»