LES CRAYONS D’ADRIEN

L’approvisionnement d’un pays en énergie, c’est son problème no 1, avec la souveraineté alimentaire. C’est une question stratégique, au sens étymologique de ce mot, celui d’une guerre. Pour la survie. Dans ce domaine, chacun pour soi. Chaque nation, chaque peuple, responsable de son destin.

Par beau temps, quand tout va bien, les plus naïfs nous baratinent avec une prétendue solidarité internationale. Fadaises! Au premier vent qui se lève, chaque communauté humaine, constituée politiquement en nation, se recroqueville sur ses propres intérêts vitaux. C’est ainsi. N’en déplaise aux candides, aux moralistes. Il faut prendre l’être humain tel qu’il est. Et non, tel qu’on le rêverait.

La vérité, c’est que la «communauté internationale» n’existe pas. On a vu sur quels récifs s’est échouée la Société des Nations (SDN), lancée dans une Genève de chimères, au lendemain de la Grande Guerre. Lisez Albert Cohen, Belle du Seigneur, ce chef-d’œuvre, les passages où le brave Adrien Deume taille ses crayons, pour tromper l’ennui, dans un bureau de la «Genève internationale». En quelques lignes, d’une saisissante cruauté, tout est dit.

Au premier vent levé, les chimères s’évaporent. Demeurent les nations, beaucoup plus tenaces qu’on ne l’imagine. Elles seules, autour d’une communauté de valeurs et de mémoire, de relation à leur Histoire, leurs ancêtres, leurs morts, constituent aujourd’hui les espaces de solidarité. La «communauté internationale», c’est du vent. N’en déplaise à nos snobinards des cocktails mondains, à Genève.