Les employées de maison victimes collatérales du Covid

  • Mirella Falco, secrétaire syndicale au SIT. DR

    Mirella Falco, secrétaire syndicale au SIT. DR

ÉCONOMIE DOMESTIQUE • En ce mois de janvier, Katya a eu le Covid. De quoi passer une semaine à l’isolement et, en toute logique, annuler la venue de sa femme de ménage. Après cette courte suspension, cette dernière, que l’on appellera Stella, reprend du service. Et Katya de la payer pour les heures effectuées... Mais aussi pour celles qu’elle aurait dû faire la semaine précédente.

«Merci beaucoup madame», insiste Stella les billets en main. «C’est normal», répond Katya, consciente des difficultés de travailler comme indépendante et un peu surprise de la réaction de sa femme de ménage. «Vous savez, tout le monde ne le fait pas», poursuit l’employée de maison. Pour ce seul mois de janvier, Stella a perdu 20% de son salaire suite à des annulations d’employeurs infectés par le Covid. De quoi mettre à mal ses fragiles finances.

Et, elle n’est pas la seule. «Depuis le début de l’année, nous avons de nouveau des appels téléphoniques dans ce sens», explique Mirella Falco, secrétaire syndicale au SIT. «Ce sont des employées de maison qui n’ont pas été payées par leur employeur soit parce qu’il leur a demandé de ne pas venir, soit parce qu’elles-mêmes ont été malades.»

Le phénomène avait explosé en mars 2020, au début de la pandémie. En plein semi-confinement, nombre de Genevois avaient congédié les personnes s’occupant du ménage, de la garde d’enfants ou des soins aux personnes âgées. De quoi allonger la file d’attente pour obtenir une aide alimentaire aux Vernets.

En 2021, les cas d’employés de maison non payés se sont fait plus rare. «Nous n’avions plus ce genre d’appel, confirme Mirella Falco. Cela a repris en janvier», en parallèle de la flambée de cas de Covid dans le canton. Deux questions reviennent: «Mon employeur m’a dit de ne pas venir, doit-il me payer?» et «J’ai le Covid, je suis en isolement, est-ce que je vais être payée?»

La réponse étant oui et encore oui. Les explications de Mirella Falco: «En cas d’incapacité de travail, si l’employé est assuré pour la perte de gain, c’est l’assurance qui prend le relais. Si tel n’est pas le cas, L’employeur doit payer son employé au minimum pendant la durée prévue par l’Echelle de Berne» Quid si c’est le boss qui demande à l’empoyé de ne pas venir? «Alors, c’est à lui d’assumer le salaire.»

Même si la femme de ménage ou la nourrice n’a pas de contrat écrit? «Oui, un engagement oral du type “vous venez deux heures tous les mardis” vaut contrat, détaille la syndicaliste. Il suffit que l’employé prouve que la relation de travail existe, avec des sms ou des mails par exemple, pour pouvoir réclamer son salaire.» Seul hic: la plupart du temps, les employeurs ne sont pas au courant de cette obligation légale. Et les employés ont bien trop peur de perdre leur emploi en exigeant des sommes pourtant dues...