«Il faut arrêter de fliquer tout ce qu’on peut. Et prendre le problème à la racine», tonne Thierry Bolle, président de l’association des garagistes genevois (UPSA Section Genève). Comme lui, les milieux pro automobile genevois s’offusquent d’une motion socialiste contre l’évasion fiscale des véhicules, à l’ordre du jour du Grand Conseil les 24 et 25 novembre. Ce texte demande notamment de renforcer les contrôles à l’encontre des automobilistes décidant de s’immatriculer dans d’autres cantons (notamment en Valais) pour payer moins d’impôts (lire encadré).
«Nous voulons un système plus juste»
Si la gauche rêve d’engager des collaborateurs dédiés au contrôle de ces véhicules pour débusquer les fraudeurs et renflouer les caisses de l’Etat, ce n’est pas le cas des partisans de la voiture, soutenus par des élus de droite. Ainsi, pour Thierry Bolle, le problème vient en réalité du fait que l’impôt genevois serait trop élevé. Mais aussi «injuste» en comparaison des autres cantons: «Nous sommes en faveur d’une taxe qui soit revue à la baisse de manière raisonnable, de sorte à contrecarrer la fuite des immatriculations que nous vivons aujourd’hui. Ne soyons pas répressifs mais incitatifs», souligne le président de l’association.
Une position que Thierry Bolle a justement défendue lors d’une audition par la commission des finances du Grand Conseil, dans le cadre d’un projet de modification de la loi. «Les Genevois ne veulent plus être pris pour des cons. Ce n’est pas normal de payer près de 4000 francs pour immatriculer un véhicule à Genève, contre environ 1000 francs pour le même modèle en Valais. En plus de la question financière, c’est une question de principe!»
Du côté des autorités, on se défend de toute inaction tout en reconnaissant que la situation n’est pas satisfaisante. Pour le Département des infrastructures, la cause du problème serait à chercher ailleurs. «Elle résulte du régime en vigueur dans notre pays avec des systèmes d’impositions différents dans chaque canton», estime Roland Godel, porte-parole.
Dénonciations et indications
Autre argument: pour les autorités, impossible de faire une estimation fiable du nombre de véhicules ou des montants concernés. «Nous avons affaire à des situations cachées. Un contrôle systématique et exhaustif est impossible.»
Le Département dit également recevoir régulièrement des dénonciations ou des indications. «Nous écrivons alors aux détenteurs concernés pour leur rappeler les règles en vigueur et vérifions avec eux la conformité de leur situation. Nous échangeons aussi des informations avec nos homologues d’autres cantons», conclut Roland Godel.