Mobilité: la trahison permanente

CIRCULATION • Depuis cinq ans, le ministre en charge de la circulation à Genève applique une politique diamétralement opposée à celle de l’électorat l’ayant porté au pouvoir. La droite doit réagir. Sinon, elle perd son âme.

  • Serge Dal Busco envisage d’interdire la circulation des automobiles privées aux abords de la gare Cornavin. DR

    Serge Dal Busco envisage d’interdire la circulation des automobiles privées aux abords de la gare Cornavin. DR

La droite genevoise soutient la circulation automobile privée. Elle n’a rien contre les transports publics, ni contre la mobilité douce, mais elle est attachée au libre choix du mode de transports, voté par le peuple. Contrairement à la gauche, elle ne diabolise pas la voiture. Elle pense aux livreurs, au personnel commercial, aux résidents de la Ville faisant le choix de se déplacer en voiture, ce qui est leur droit le plus total. Ce qui n’a pas à être jugé moralement, ni sanctionné, n’en déplaise aux ayatollahs de certains partis.

Eh bien cette droite-là, en matière de mobilité, elle a été politiquement trahie. Par qui? Hélas, par le ministre lui-même, en charge du dossier depuis cinq ans. Il nous faut dire un mot de Serge Dal Busco et du mystère qui entoure le revirement de ce magistrat, qui applique une politique contraire à l’électorat l’ayant réélu en 2018, date à laquelle il a quitté les Finances pour la Mobilité. Il s’agit, j’insiste toujours sur ce point, d’un homme de valeur, très correct, très courtois. Il demeure toujours calme, se maîtrise, parle aux gens avec respect, ne fait pas preuve d’arrogance.

Eradiquer la voiture privée

Ces qualités, bien réelles, rendent d’autant plus immense la déception de la droite face à sa politique en matière de circulation. Depuis son arrivée aux affaires, sous prétexte d’appliquer (il ne le fait que dans un seul sens!), la loi sur la mobilité, votée en 2016, le ministre fait la politique de la gauche. Toujours et partout, il entrave la circulation privée motorisée (voitures, motos, scooters). Toujours et partout, il joue le jeu des Verts les plus fondamentalistes, ceux qui, au fond, rêvent d’éradiquer toute voiture privée de la surface du globe.

Conversion à 180 degrés

Mais il n’est pas Vert, lui, justement! Il est démocrate-chrétien, ce parti qui a changé de nom et se fait appeler aujourd’hui «Le Centre». Un parti qui, depuis bientôt 80 ans, a toujours fait équipe avec la droite, a largement profité des dynamiques de droite (libéraux, radicaux) pour se faire réélire et prône l’économie privée. Alors au nom de quoi, en matière de circulation, ce parti a-t-il laissé son ministre opérer une telle conversion, à 180 degrés, comme à skis, dans une pente vertigineuse? Car enfin, il y a duperie de l’électorat. Passage dans l’autre camp. Pour qui connaît l’art de la guerre, cela porte un nom.

Dernière hallucination en date: Cornavin. La Tribune de Genève nous dévoilait, ce samedi 4 février, la volonté du ministre d’interdire les voitures aux abords de la gare, en rendant impossible, dès ce printemps, le passage, en continuation de la rue de Lausanne, direction Colouvrenière. Tout cela, au nom de travaux qui ne commenceront pas avant… 2027! Une mesure arbitraire, unilatérale, non-concertée, d’une brutalité inouïe, notamment pour les résidents genevois ayant choisi librement d’utiliser leur véhicule pour se déplacer et n’ayant pas à être jugés pour cela. Cette déclaration de guerre ne peut rester sans réponse. Si la droite genevoise ne réagit pas, elle perd son âme.