Moins de neutralité, plus d’isolement

C’est sur un camp occidental de plus en plus isolé du reste du monde que la Suisse autrefois neutre vient de s’aligner à l’occasion du cruel conflit russo-ukrainien. Les grands acteurs du monde multipolaire formant le cadre d’une neutralité qui aurait été à réinventer, plutôt qu’à torpiller, ignorent en effet superbement l’exigence américaine d’isoler la Russie.

Au-delà d’une condamnation de l’agression militaire russe qu’une majorité de membres ne pouvait que prononcer à l’ONU, personne en dehors d’un cercle d’affidés états-uniens n’accepte d’isoler la Russie. Ni la Chine, ni l’Inde, ni même le Japon et la Corée qui n’envisagent pas une seconde de se passer du pétrole russe. Ni les Emirats, ni les Saoudiens, ni Israël, ni l’Iran. Personne au Maghreb ou en Afrique. Idem du côté de l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain), puisque tant le Mexique que le Brésil refusent de s’aligner.

Force est de constater que la Russie est finalement moins isolée du monde que les occidentaux, que ces derniers sont de moins en moins écoutés et qu’en s’alignant sur leur position dans le cadre d’une guerre, la Suisse n’a pas seulement opté pour moins de neutralité, elle a aussi opté pour plus d’isolement.