Monogamie exclusive

Mon épouse veut m’imposer une monogamie exclusive, que je vis comme un régime totalitaire et qui mène selon moi inexorablement à l’extinction du désir pour les deux partenaires du couple. J’aimerais bien connaître votre avis de spécialiste?

Vous utilisez de bien grands (gros) mots pour parler d’un sujet fort délicat et sensible. Dans notre société patriarcale à forte consonance judéo-chrétienne, la monogamie est effectivement le modèle prédominant. La fidélité est d’ailleurs revenue très à la mode chez les jeunes couples; eux qui n’ont pas connu l’effet libérateur du féminisme post-soixante-huitard qui encourageait la curiosité et l’exploration de l’intimité sous ses formes les plus variées.

Dans la vie de couple, il y a les adeptes du confort de la routine et de la sécurité bien prévisible et organisée. Dans un couple officiellement monogame, on peut construire une belle complicité qui renforce l’attachement réciproque. Mais cela nous oblige à renoncer à l’attrait du nouveau et de l’aventure… Cette dualité étant profondément ancrée en chacun de nous, c’est notre éducation et nos préjugés qui vont nous encourager à privilégier l’un ou l’autre de ces aspects. Tout en sachant que les saisons froides favorisent le cocooning à deux, quand les saisons ou les pays chauds encouragent à l’exploration de la diversité.

Quant à penser que la monogamie exclusive mène à l’extinction du désir, cela dépend surtout de la façon dont on la pratique. Si votre douce moitié vous (s’)interdit de regarder d’autres femmes (ou hommes) dans la rue, vous allez effectivement vous priver de stimuli importants pour entretenir votre intérêt pour la chose. Si elle (s’)imagine même pouvoir vous (s’)empêcher de fantasmer sur d’autres partenaires potentielles, elle va carrément éteindre votre moteur imaginaire.

Heureusement, il vous reste les rêves érotiques produits par votre cerveau en état d’inconscience! Les femmes sont plus douées que les hommes pour se priver de tous les stimuli externes qui pourraient leur donner envie, ce qui mène souvent à la panne dans le domaine intime. Mieux vaut se laisser une certaine marge de manœuvre si l’on souhaite se sentir et rester vivant(e) dans sa sexualité, que cela soit sur le plan réel ou virtuel.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction.

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