Ni Suez, ni Panama?

  • DR

On nous promettait le Pérou, on en est hélas assez loin. Le CEVA (Cornavin–Eaux-Vives–Annemasse), qu’on nous présentait il y a quinze ans comme la huitième merveille du monde, celle qui transfigure le quotidien et se rit des frontières, semble avoir encore quelques progrès à faire pour répondre aux espérances de ces années folles. 
 
Quelques progrès? Demandons des chiffres. Quels sont les taux exacts de fréquentation? Combien de monde, en dehors des heures de pointe? Nos amis frontaliers le prennent-ils vraiment, ce train miracle, ou demeurent-ils accrochés au volant de leur voiture? Quelle fréquentation, le week-end? Les gares sont-elles des lieux de vie, le commerce y est-il florissant, a-t-on envie de s’y attarder, de s’y donner des rendez-vous amoureux? Le CEVA est-il un objet de désir? Est-il rentable? 
 
Les coûts réels de ce chantier du siècle, quels sont-ils? Le dernier dépassement, 12,5 millions de francs, est-il le dernier? Le CEVA, pompeusement nommé «Léman Express» par l’officialité, a-t-il fait prospérer les entreprises locales? Les adjudications de marchés publics ont-elles favorisé les firmes genevoises, plutôt que françaises, voire plus lointaines? 
 
Ces questions, certains députés se risquent à les poser. Ils attendent vainement les réponses. Tous les chiffres de cette aventure dantesque sont-ils consultables, transparents, à la disposition du public? Règne-t-il une omerta? Tout a-t-il été dit, comme il sied en République? L’affaire est-elle close? Aucun autre dépassement à attendre? Ni Suez, ni Panama? Juste Annemasse, vous êtes sûr?