Coiffeurs et barbiers se crêpent le chignon

CONCURRENCE DÉLOYALE • Une pétition des coiffeurs traditionnels dénonce la prolifération des salons low-cost pour hommes. Des barbiers ripostent en augmentant notamment les tarifs jugés excessivement bas. Explications.

  • Une pétition des coiffeurs traditionnels dénonce une forte concurrence déloyale des barbiers. PASCAL BITZ/DR

    Une pétition des coiffeurs traditionnels dénonce une forte concurrence déloyale des barbiers. PASCAL BITZ/DR

Des coiffeurs traditionnels sont au bord de la crise de nerfs. En cause? Des barbiers qui facturent 20 francs la coupe pour homme. Face à cette concurrence qu’ils jugent déloyale, des professionnels ont dénoncé, le printemps dernier dans une pétition, la prolifération des salons low-cost de barbiers. En trois mois, «Barber shop, coiffeurs hommes, non à la concurrence déloyale», a recueilli près de 600 signatures. Elle sera déposée, mi-juin, auprès de la section genevoise de l’Association des maîtres coiffeurs. Son but? Que les coiffeurs traditionnels de Genève, canton qui connaît la plus grande concentration de salons de Suisse avec un figaro pour 200 habitants, ne soient pas obligés de fermer boutique face à l’augmentation des arcades de barbiers dans les rues genevoises.

«Tarifs trop bas!»

«Depuis l’invasion d’une septantaine de barber-shops tenus en majorité par des albanophones, Turcs ou Syriens, le nombre de nos clients a chuté de 20%! tonne Gianni Cantillo, initiateur de la pétition et ancien coiffeur à Versoix. Comment rivaliser avec des coupes à 20 balles alors que nous les facturons 50 francs!» Les pétitionnaires réclament aux nouveaux concurrents qu’ils respectent la convention collective gérant la profession, que leurs employés soient formés et payés au même tarif que les coiffeurs professionnels et qu’ils s’acquittent de la TVA au même titre qu’un patron d’un salon de coiffure. «Si nous fermons les yeux face à ces inégalités de traitement, il y a de fortes chances que l’offre masculine à bas prix soit aussi étendue à une clientèle féminine», craint encore Gianni Cantillo.

Que pensent les barbiers de ces accusations de concurrence déloyale? «J’ai déjà augmenté mes prix, rétorque un patron d’une arcade à la Jonction. Les coupes et tailles de barbe sont désormais à 30 francs. J’ai aussi augmenté le salaire de mon employé et je respecte la TVA.»

Contrôles accrus

Suffisant pour convaincre la section genevoise de Coiffure Suisse? Contactée, elle dit prendre acte des doléances des professionnels de la place. «Nous n’avons pas attendu cette pétition pour intervenir», déclare la présidente Claudine Schmid avant de révéler: «Des procédures sont en cours, depuis 2018, pour lutter contre les emplois au noir mais aussi pour le non-respect du paiement de la TVA. Des contrôles ont été mis en place. Ils ont déjà débouché sur des amendes en espèces sonnantes et trébuchantes de 25’000 francs!»

Pas certain du tout qu’avec des bûches aussi élevées, les barbiers «low-cost» pourront maintenir leurs tarifs aussi bas…