Au sol, une grosse flèche rouge indique le sens de circulation dans la halle de Rive. Des parois de plexiglass ou une protection plus rudimentaire séparent le commerçant de ses clients. A l’entrée, un flacon de gel permet de se laver les mains. Autant de mesures mises en place depuis le début de la crise mi-mars.
«Nous avons dû tout organiser», explique Dominique Ryser, président de l’association qui réunit les 23 commerces de la halle. «J’ai pris les choses en main alors que ce n’est pas mon rôle! Je ne suis pas chez moi.» Le bâtiment est une propriété de la Ville de Genève. Les commerçants sont locataires.
Aussi quand, au début de la crise, Dominique Ryser constate un samedi la présence de 200 personnes dans la halle, il prend conscience du problème. «On était face à une bombe à retardement. J’ai appelé la Gérance immobilière municipale (GIM) pour leur demander de l’aide. Notamment l’envoi deux gardiens de plus.» La demande est refusée. Il est même un temps envisagé de fermer la halle en la considérant comme un marché. «Ça les aurait bien arrangés! fulmine Dominique Ryser. Mais, il se trouve qu’il y a une quinzaine d’années, on est passé du statut de marché couvert à celui de locataires de la GIM.»
«On devait rester ouvert!»
Prêchant pour sa paroisse, le fromager de la halle ajoute: «Le but du semi-confinement, c’était d’éviter que les gens se déplacent. Or, nous sommes 23 commerces, condensés dans un lieu, en plein centre-ville, avec un parking souterrain. C’était une évidence qu’on devait rester ouvert!» Vingt commerces continuent de servir. Seuls le bistrot, le fleuriste et le traiteur chinois sont fermés. «Des centaines de clients venaient s’approvisionner», décrit Dominique Ryser.
Pour gérer ces flux, il prend des mesures, «telle que la réduction des horaires d’ouverture. J’ai aussi demandé aux gardiens de désinfecter plus souvent alors que je ne suis pas leur chef! Ces employés de la Ville étaient totalement livrés à eux-mêmes.»
Un système de comptage
L’association engage aussi deux gardiens supplémentaires «pour faire entrer les clients au compte-goutte», insiste Dominique Ryser. «Leur contrat s’achève à la fin du mois. Et on n’a plus un rond pour les payer. Comment fait-on?, interroge le président inquiet. Certes nous avons tous continué à travailler plus ou moins pendant cette période. Mais les frais engagés sont très élevés pour surmonter cette crise.» L’association a dépensé toutes ses économies, environ 30’000 francs.
Elle se tourne à nouveau vers la Ville pour obtenir un dédommagement. Mais aussi pour financer une nouvelle installation. «En vue de la poursuite du déconfinement, on veut installer un système de comptage avec verrouillage des portes passé un certain nombre», décrit Dominique Ryser. Coût estimé: 7000 francs. «On ne peut pas installer ça sur leur bâtiment. On n’est pas chez nous! répète le fromager fâché. Il faut que la Ville prenne ses responsabilités. Pour la protection des locataires de leur immeuble, mais aussi de leur personnel, soit les deux gardiens.» D’où le mail envoyé à la GIM le 14 mai. Arrivée une semaine plus tard, la réponse de la Ville est négative (lire encadré ci-contre).