Coups, propos agressifs voire sexuels ou encore vandalisme… A l’école La voie lactée, la violence a franchi un cran. Au point d’inciter l’équipe de cette école primaire spécialisée située à Meyrin à envoyer un courrier aux parents, daté du 25 février. Evoquant des «événements répétitifs», les auteurs de la missive expliquent: «Nous constatons une hausse de certains comportements agressifs (...) Nous ressentons une certaine banalisation de ces actes, ce qui nous inquiète profondément. De plus, nous assistons à certains actes de vandalisme qui sont de plus en plus fréquents et aux conséquences de plus en plus lourdes (inondation du couloir, vols de goûters, dessins sur les murs).» Résultat, une réunion extraordinaire est convoquée en urgence le 28 février (lire ci-dessous).
«Mieux vaut tard que jamais»
Ce courrier alarmant est pourtant loin de surprendre Maria. Cette maman de deux élèves dénonce des dysfonctionnements depuis plusieurs années. «Mieux vaut tard que jamais», s’exclame la mère célibataire. «Cela fait cinq ans que mes enfants sont là-bas, trois ans que la situation s’est fortement dégradée. Jusqu’à présent, la seule réponse a été que mes enfants sont des menteurs!»
Agés de 12 ans, ses jumeaux sont nés prématurés et ont des troubles de la motricité et du langage. Suite à un AVC, son fils est hémiplégique du côté droit. «Ce sont des enfants différents et très sensibles», précise Maria. Pas question pour autant de ne pas leur offrir le meilleur. Epaulée par une équipe de médecins et de thérapeutes, elle a mis en place une structure de stimulation. «Maintenant, mon fils nage, marche et danse. Ma fille fait du ballet et tous les deux jouent du piano, sont très doués en dessin et en informatique», insiste cette maman.
Autant d’efforts qui, selon Maria, sont en partie ruinés par l’incompétence de la direction de l’école. «Ces deux dernières années, l’enseignante de mon fils lui criait dessus et exigeait qu’il utilise sa main droite paralysée. Des propos dégradants et humiliants ont été proférés à son encontre. J’ai demandé plusieurs réunions avec la direction et les enseignants. Au lieu de cela, le directeur a décidé de voir mon fils en tête à tête et lui a mis la pression. Résultat: quand il rentrait à la maison, il restait muet et pleurait.»
Plainte déposée
En septembre 2021, un incident met le feu aux poudres. «L’école paie le taxi pour emmener et ramener les enfants de mon domicile à l’établissement», indique Maria. Ce jour-là, le chauffeur habituel est en vacances. «La responsable des transports a appelé un remplaçant. Il est venu avec un véhicule pour 4 alors que les enfants étaient 5.»
Entassés à l’arrière, sans ceinture de sécurité, les écoliers tentent de se faire une place. «Il y avait un nouveau. Il a été renvoyé du cycle d’orientation car il avait un comportement très violent», raconte la maman. Sur la banquette arrière, les esprits s’échauffent. «Et le nouveau a mis un coup de poing à ma fille, lui arrachant une dent. Loin de s’arrêter, le chauffeur a poursuivi sa route. Il a déposé mes enfants sur le trottoir et est reparti comme si de rien n’était.» Maria explique avoir déposé une plainte pénale. Une ordonnance de non-entrée en matière a été rendue le 1er octobre.
«Vous n’avez qu’à les mettre ailleurs!»
Encore ébranlée par cet épisode, Maria interroge: «Quelle est la responsabilité de l’école? Que font-ils pour protéger les enfants qui leur sont confiés?» Fervente défenseuse de l’école inclusive, cette mère engagée stipule: «L’école compte une trentaine d’élèves. Ils sont 6 à 8 par classe.» Le taux d’encadrement est de un adulte pour trois enfants. «Avec autant d’encadrants, comment est-il possible que des comportements violents et des actes de vandalisme aient lieu?»
Ayant à plusieurs reprises tenté d’alerter la direction, de faire changer son fils de classe et de trouver le moyen de rendre la scolarité de ses enfants plus sereine, Maria est aujourd’hui à bout. «La direction m’a clairement dit: “Vous n’avez qu’à les mettre ailleurs!” J’aimerais beaucoup mais où?» lâche-t-elle, désespérée. Et de regretter le fait d’être «coincée» dans un système où les places dans le public sont rares et celles dans le privé très chères. Une problématique qui se poursuit au Cycle d’orientation.