Densification

  • ©OLIVIER JAQUET

Je vis dans un monde parallèle. J’habite aux Charmilles d’où on ne peut aller que dans deux directions, le lac et l’aéroport, encastré qu’on est entre la route de Meyrin et la rue de Lyon. Un bout de ville en 2D, qui nous oblige à faire un détour dangereux pour peu qu’on décide d’aller à 100 mètres de chez nous en direction de St-Jean. Comme pour empirer les choses, en bas de chez moi, il y a une gated community, un espace complètement privatisé, infranchissable, long d’un demi-kilomètre: une zone villa.

On va prochainement voter sur la construction, à la place de ces maisons individuelles, d’un quartier proposant des logements, un étang, et une continuité verte entre le parc des Franchises et le parc Geisendorf. En tant qu’habitante du quartier très concerné (j’ai la vue dessus depuis mon balcon), j’y suis très favorable. Déjà parce que je pourrais aller faire mes courses à vélo sans me mettre en danger – le quartier permettra le passage – mais encore parce que je n’ai pas peur de la densification. L’efficience énergétique des immeubles sera meilleure que celle de ces maisons, et surtout je me réjouis des nouveaux voisins et des nouvelles dynamiques – la zone villa, elle, ne propose aucune dynamique.

On doit densifier. Et densifier bien, comme le propose le projet de Bourgogne. Et en parallèle, on doit se battre pour défendre un service public qui permettra d’ouvrir une bibliothèque, une crèche et une école de qualité. On doit défendre les coopératives d’habitation afin que l’espace soit pensé par et pour le collectif plutôt que pour les intérêts individuels. On doit aménager encore des pistes cyclables et maintenir le réseau de transport public pour que les habitants n'aient pas besoin de voiture. On doit veiller à ce que la ville respecte ses engagements et que la zone soit végétalisée et arborée. Bref, on doit soutenir ce projet et s’engager pour qu’il tienne ses promesses.