Sous la loupe: les médias

  • ©OLIVIER JAQUET

Pardonnez-moi mais j’ai un peu de peine à comprendre. Heidi.news sort, à dix jours de l’élection au Conseil d’Etat, un article accablant à propos du candidat MCG Philippe Morel. Et on le lui reproche. Certains considèrent que sortir un article sur un candidat à quelques jours d’une élection prouve la partialité de l’article, du média, des médias en général, qui, c’est bien connu, sont tous communistes. C’est ce qu’on appelle une explication tautologique. L’info est fausse parce que si elle sort maintenant, elle ne peut être que fausse. Si une info exacte est divulguée pendant une campagne, elle devient fausse par le timing. CQFD.

Certains s’étonnent que, comme par hasard, l’information tombe maintenant. Ah bon? Il me semble plutôt logique que, lorsqu’un homme est en lice pour devenir le chef de notre gouvernement, on soit particulièrement attentif à qui il est. S’il a des casseroles, que ce soit à ce moment que les langues se délient. Apparemment, ceux qui ont bossé avec Philippe Morel craignent qu’il ne prenne davantage de pouvoir. Ils craignent pour leur poste, et vu les menaces à peine voilées du candidat lors de son interview sur Léman Bleu, on peut les comprendre.

Imaginez si Heidi.news n’avait pas publié l’article. S’il avait été informé et n’avait pas partagé l’information avec les citoyens. Ne l’aurions-nous pas, beaucoup plus adéquatement, accusé de partialité? Le travail des médias est d’informer la population, notamment à propos du pouvoir. Heidi.news n’a fait ni plus ni moins que son travail et si j’en crois les commentaires et surtout la plainte pénale de Philippe Morel, l’équipe a pris un risque important et doit être saluée pour son courage plutôt que critiquée.

Le dossier est lourd, les preuves sont nombreuses. Philippe Morel se défend. Nous verrons dimanche si les Genevois(e)s lui accordent, malgré tout, leur confiance. Cela sera leur décision, mais pour prendre une décision, il faut être informé. Ainsi fonctionne la démocratie.