Petite enfance

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Il manque à Genève 1100 places de crèche. C’est le constat d’un récent audit sur la situation de l’accueil préscolaire. Dans le même temps, des scandales autour de la maltraitance dans les structures d’accueil en France pointent du doigt le système privé qui ne parvient pas à répondre à ses engagements. L’accueil de la petite enfance fait partie du service public. Pourquoi? Parce qu’il n’est pas rentable à l’échelle de la structure mais qu’il l’est significativement au niveau de la société.

Une étude zurichoise montre que rien qu’en termes de revenus supplémentaires liés au travail des parents, les coûts sont 3 à 4 fois rentabilisés. Le souci, c’est que ce sont les communes qui paient et les Cantons ou la Confédération qui encaissent. C’est précisément pour cela qu’il est fondamental de collectiviser le système d’accueil de la petite enfance: les coûts doivent être repartis ou le projet ne tient pas – c’est la définition économique du service public.

On pense que les crèches coûtent cher. Or, c’est leur absence qui coûte! En termes de revenus fiscaux, pour les entreprises qui perdent du personnel qualifié, pour les femmes qui doivent abandonner un emploi au profit d’un travail non rémunéré, et si on va plus loin, à tout le système social qui rattrape ensuite la précarité des mères (prestation complémentaire, chômage…) Selon la même logique, le prix d’une place de crèche est très lourd pour les parents qui préfèrent parfois l’économiser en arrêtant de travailler. Cela ne prend pas en compte ce que coûte un arrêt professionnel sur le long terme.

L’accueil préscolaire est un investissement rentable et le retard qu’on a sur cette question n’est plus excusable. Chaque parent doit avoir la garantie qu’il aura un lieu d’accueil adapté pour son enfant et cette question, selon tout bon sens, devrait rassembler de gauche à droite, car elle est autant sociale qu’économique.