Aux fraises!

L’hyper-présence des exécutifs n’aurait jamais été possible sans l’un des phénomènes les plus décevants, dans cette crise, de la part du monde politique: l’inexistence des parlementaires. A tous les niveaux de notre Confédération: les Chambres fédérales, les Grands Conseils, et même les délibératifs de nos Communes genevoises!

Non seulement ces corps législatifs ne se sont pas réunis, alors que nous sommes en 2020, et qu’il existe une foule de techniques pour tenir séance en ligne. Mais pire: nombre de parlementaires, interrogés sur cette surprenante torpeur, nous répondaient qu’au fond, ça n’était pas grave, que le temps législatif viendrait plus tard, que nous étions en état d’urgence, qu’il fallait donc laisser faire les exécutifs.

Qu’un ministre, un peu prétorien, fougueux dans son immédiateté exécutive, nous tienne ce genre de discours, passe encore. Mais un parlementaire! Un homme, ou une femme, qui a été précisément élu pour contrôler l’action des gouvernements, imaginer des lois, donner corps et vie à la cité, veiller à l’équilibre des pouvoirs!

Oui, le jour venu, il faudra s’interroger sur cette mystérieuse disparition, pendant les longues semaines de crise, du monde parlementaire. Nul ne les obligeait à se mettre en vacances. C’était à eux de demeurer en éveil, en état d’action, d’offensive. Et non d’attendre comme des moutons qu’on veuille bien, enfin, les guider vers le prochain plénum. Déception, oui. Et leçons à en tirer, pour la suite: par exemple, en augmentant les pouvoirs directs du peuple.