D’abord, un travail!

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J’écris «sauver l’emploi», mais au fond je me ravise: ce qu’il faut absolument préserver, sous peine de mise en léthargie de notre société suisse, ça n’est pas prioritairement «l’emploi», mais la possibilité pour tous d’accéder à un travail.

La différence, vous la connaissez: un «emploi», au sens juridique, c’est un contrat, dûment signé, avec comme cadre minimum le Code des obligations, et si possible une convention collective. Depuis 1937 (la Paix du travail), ce cadre infiniment protecteur a été mis en avant par les partenaires sociaux, et fait rêver les postulants. Ce régime, il faut le dire, a bien fonctionné pendant plus de huit décennies.

Eh bien, désolé si je jette ici un froid glacial, mais je crois que nous touchons gentiment au bout de l’exercice. D’ailleurs, l’acceptation, par 58% du corps électoral, d’un salaire minimum, porte un coup de poignard au gentil cocon des conventions collectives.

Et puis, encore plus désolé, mais quand on cherche à tout prix un job, surtout quand on est jeune, l’essentiel c’est de trouver un travail. Plutôt que d’être assisté. Que ce travail ne soit peut-être pas englobé par toute la ouate protectrice des accords arrachés par les partenaires contractuels (qui, d’un côté comme de l’autre, apparaissent comme de plus en plus archaïques) n’est peut-être pas l’essentiel.

L’essentiel, c’est d’avoir un boulot. Gagner sa vie. Conquérir l’autonomie. Parce que vivre au crochet de la société, si on est en pleine santé, ça n’est pas une solution à hauteur de dignité humaine.