La fine équipe

Ils viennent de prêter serment à Saint-Pierre et d’entrer en fonction. Ils sont cinq, dès le 1er juin, à diriger pour cinq ans la Ville de Genève. Les socialistes Christina Kitsos et Sami Kanaan, les Verts Frédérique Perler et Alfonso Gomez, la démocrate-chrétienne Marie Barbey-Chappuis. Pour quelques semaines, peut-être l’état de grâce. Puis, dès la rentrée, la bagarre qui reprend. On sait qu’en Ville, plus qu’ailleurs, le théâtre politique peut être boulevardier, croquignol, candidat de première classe à la Genferei de l’année.

Cette fine équipe devra faire très attention. Les temps sont difficiles, la crise est passée par là, les gens veulent savoir pourquoi ils paient des impôts, pourquoi d’autres en paient moins, voire pas du tout, pourquoi diable telle association, ou tel «collectif», est subventionné. Dans ce contexte, tout signe, même minime, de clientélisme ou de copinage, sera dévastateur. C’est valable pour la culture, pour le logement en Ville, pour la vie associative. La Ville de Genève est une collectivité publique, elle n’est pas une machine à prébendes de la gauche majoritaire.

Côté politique, ce serait une erreur immense et fatale, sous prétexte de mode Verte, de s’imaginer qu’on tiendra longtemps sans colère populaire en faisant passer en force les aménagements correspondant à la seule idéologie Verte. Prenez garde, fine équipe: les cyclistes sont peut-être votre clientèle électorale, mais ils ne sont de loin pas majoritaires. Le peuple est là. Il rumine. Et ses colères peuvent être dévastatrices.