La politique n’appartient pas aux seuls élus!

La citoyenneté, ça n’est pas voter tous les quatre ans et demeurer passif entre deux élections! Le personnage principal, en démocratie, n’est certainement pas l’élu. Mais chaque citoyen, chaque citoyenne de notre pays.

  • Le plafond de l’entrée du Palais fédéral, à Berne, où siègent les parlementaires des deux chambres de l’Assemblée fédérale. 123RF/BJRN BIRKHAHN

    Le plafond de l’entrée du Palais fédéral, à Berne, où siègent les parlementaires des deux chambres de l’Assemblée fédérale. 123RF/BJRN BIRKHAHN

Que s’est-il passé le dimanche 20 octobre? La Suisse a renouvelé son parlement fédéral. Elle a envoyé 200 personnes siéger au Conseil national, douze pour Genève. Elle envoie, une fois les seconds tours achevés (le 10 novembre pour Genève), 46 représentants au Conseil des Etats, deux par canton. Cela s’appelle les élections fédérales. Elles se déroulent tous les quatre ans, n’ont guère changé depuis 1848, si ce n’est l’instauration de la proportionnelle pour le National, en 1919. C’était, à l’époque, une revendication de la gauche, le Comité d’Olten, qui avait posé, dès la fin de la Grande Guerre, les principes devant conduire la Suisse à davantage d’égalité.

Poussée des Verts

Le 20 octobre, nous avons donc voté. Les résultats, vous les connaissez: le nouveau parlement fédéral sera beaucoup plus équilibré entre la droite et la gauche, mais aussi entre les hommes et les femmes. C’est un changement important, sans être pour autant une révolution. Les Verts, portés par le thème du climat qu’ils ont exploité à fond, comme ils l’avaient fait pour l’accident nucléaire de Fukushima en 2011, y joueront un rôle beaucoup plus déterminant que jusqu’à maintenant. Voilà pour les faits, les grandes tendances.

Affaire du peuple

Il s’est passé cela, et c’est tout. Car l’Assemblée fédérale n’est pas la pierre angulaire de la politique suisse. Oh, les 246 adoreraient nous faire croire qu’ils le sont, et que d’eux, tout procède. C’est faux. Les parlementaires, à quoi servent-ils? A faire des lois, c’est tout. Ah oui, élire le Conseil fédéral, aussi, et les juges fédéraux. Fort bien. Ils servent à cela, mais ne servent qu’à cela. La politique ne leur appartient pas.

Nous avons en Suisse un joujou extra, comme dans la chanson de Jacques Dutronc: il s’appelle la démocratie directe. Le référendum, qui permet d’attaquer une loi votée par le parlement, en la soumettant au suffrage universel. Et surtout, beaucoup mieux: l’initiative populaire. Mieux, parce qu’elle ne se définit pas par rapport au parlement, mais amène sur la place publique une idée originale, surgie du peuple, ne devant strictement rien aux cogitations des élus. L’initiative, c’est une affaire du peuple avec le peuple.

Rituel de démocratie

Le 2o octobre, nous avons élu nos conseillers nationaux et le 10 novembre nous bouclerons l’élection du Conseil des Etats. Faisant cela, nous n’avons encore rien fait. Nous avons juste accompli un rituel de démocratie représentative, qui ne représente absolument pas l’essentiel de notre vie politique.

Le principal, la vie, la sève, les énergies, c’est dans l’âme de chaque citoyen, chaque citoyenne, qu’ils se trouvent. Le débat politique, c’est l’affaire de tous! A la démocratie parlementaire, ça n’est certainement pas la rue qu’il faut opposer. Mais la démocratie directe, qui est – comme le parlement – un organe constitutionnel de notre fonctionnement politique. Laissons donc les parlementaires pondre leurs lois, s’échiner sur les virgules. Attaquons sans pitié ces lois par référendum, si nous les jugeons insatisfaisantes. Et surtout, par l’initiative, lançons nous-mêmes des idées. La démocratie n’appartient en aucun cas aux seuls élus.